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| Les armes chimiques | |
| | Auteur | Message |
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Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: Les armes chimiques Lun 12 Jan - 3:21 | |
| post de médaille59
L’objectif est d’avoir une liste assez exhaustive, avec rapide description des agents utilisés et leurs effets. Cela fait un sacré paquet de salop***ies (beaucoup plus important que ce que je croyais d’ailleurs), mais j’ai trouvé ça passionnant ! J'ai peur que vous trouviez ça un peu rébarbatif, mais cela pourra peut-être aider quelqu'un (sait-on jamais...)
Voici le plan que je vais m’efforcer de suivre : (Les dates mentionnées sont toujours, sauf mention contraires les dates de première utilisation. Les agents ont souvent continués à être utilisés bien après ces dates)
Les grands types d'armes chimiques :
I/ Les suffocants A/ Chlore B/ Brome C/ Phosgène D/ Chloroformiate de méthyl chloré E/ Disphogène F/ Chloropicrine G/ Thiophosgène
II/ Les irritants lacrymogènes A/ Bromate d’éthyl B/ Bromure de xylyle C/ Chloracétone D/ Bromure de benzyle E/ Bromacétone F/ Bromométhyléthylcétone G/ Acroléïne H/ Chloracétophénone
III/ Les irritants sternutatoires A/ Arsines irritantes a/ Chlorure de diphénylarsine b/ Cyanure de diphénylarsine
B/ Les arsines vésicantes a/ Dichlorure d’éthylarsine / dibromure d’éthylarsine b/ Dichlorure de phénylarsine
C/ Les labyrinthiques
IV/ Les Vésicants
V/ Les toxiques généraux | |
| | | Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: e Lun 12 Jan - 3:22 | |
| Petite introduction :
La tradition veut que ce soit les allemands qui aient initié la guerre chimique. Il en ont certes fait l’expérience à grande échelle les premiers. Néanmoins il apparait souhaitable de préciser que les français disposaient avant guerre de « cartouche suffocante », qu’ils ont pu utiliser en aout 1914, en quantité peu significative il est vrai… Ces munitions, ne causant qu’une gêne passagère, ne violaient pas vraiment la Convention de La Haye de 1899 (signé par la France et l’Allemagne) interdisant l’utilisation militaire de gaz chimique mortel. Pourtant, on peut voir là le premier pas d’un cheminement vers un emploi systématisé du gaz de combat, emploi qui sera favorisé par la désespérante situation tactique.
Des gaz de plus en plus incapacitant, la naissance de l’artillerie chimique (remplacant l’aléatoire méthode des vagues gazeuses dérivantes), c’est une véritable course à la toxicité et au développement d’armes nouvelles et plus efficace qui se déroule parallèlement au conflit ! De cette course, de nombreuses substances vont naître, toujours plus nocive et invalidante (à long terme le plus souvent)… | |
| | | Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: e Lun 12 Jan - 3:22 | |
| I/ Les suffocants
Ils provoquent une intoxication par suffocation : Intoxication aigue : définie par un passage brutal d’une atmosphère saine à une atmosphère à haute concentration en gaz. Ce fut rarement observé pendant la guerre. Le sujet est pris d’angoisse, de violentes difficultés respiratoires, puis fait une syncope. Le décès est rapide, de l’ordre de quelques minutes.
Intoxication massive : exposition plusieurs minutes à des fortes concentrations de gaz. Peut provoquer la mort en 30 à 60 minutes, par asphyxie suite à importantes lésions pulmonaires.
Intoxication moyenne : C’est celle observée le plus souvent : le sujet n’a pas mis son masque de protection assez vite, ou bien l’a enlevé trop tôt. Peut provoquer une forte irritation puis une toux, asthénie, œdème du poumon (dégradation de la paroi interne des poumons, avec exsudation et remplissage des poumons par le liquide) progressif pouvant entrainer une mortalité après plusieurs jours. Au long terme, ce sont des gens qui sont atteint d’insuffisance respiratoire chronique, de toux chronique, de douleurs thoraciques persistantes, de bronchites à répétition, d’insuffisance cardiaque.
Les suffocants so,t responsables de la majorité des décès par arme chimique de la Première Guerre mondiale...
Les principaux agents suffocants sont :
A/ Chlore -Utilisé par les allemands en avril 1915 (Flandres), par les français fin 1916 (combats de Champagne). -Méthode de diffusion : vagues gazeuses dérivantes -Effets : le chlore se transforme en acide chlorydrique au contact des voies aériennes. Irritation, toux, difficultés respiratoires, crachats sanglant. Peut être mortel à haute concentration, ou si le sujet est exposé plus de 30 minutes.
B/ Brome -Se présente comme un liquide rouge/brun, aux vapeurs de même couleur. -Utilisé pour la 1ère fois par les allemands en Argonne, en juin 1915. -Dispersion par bouteille de verre. -Les propriétés et effets sont sensiblement identiques à celles du chlore. -Il fut néanmoins peu utilisé.
C/ Phosgène -Ou oxychlorure de Carbone -Utilisé par les allemands à Ypres en décembre 1915. Utilisés par les français à Verdun en février 1916. -Dispersion par vagues dérivantes puis par obus. -C’est un gaz incolore, qui est beaucoup plus toxique que le chlore. -Propriétés : effets lacrymogènes à faible concentration, puis suffocants. -A concentration plus importantes, toux, difficultés respiratoires, œdème du poumon (jusqu’à 24 heures après exposition) pouvant entraîner le décès.
D/ Chloroformiate de méthyl chloré ou trichloré -En France : Palite En Allemagne : K-Stoff ou K2-Stoff (« croix verte ») -Utilisé pour la première fois par les allemands en juin 1915, à Neuville-Saint-Vaast. -Dispersion : obus et engins de tranchées. -C’est un dérivé du phosgène, moins nocif, avec un effet lacrymogène plus important néanmoins. Sapersistance sur le terrain a été notoirement améliorée.
E/ Disphogène -En France : Surpalite En Allemagne : Perstoff (1 ère utilisation à Verdun en juin 1916). -Moyen de dispersion : obus -Dérivé du phosgène, avec effet lacrymogène majoré -Persistance longue (12h) : imprègne le terrain et les vêtements. -Mis en contact avec certaines cartouches filtrantes de masque, il produit du monoxyde carbone (mortel à certaines concentrations) et du phosgène.
F/ Chloropicrine -France : Aquinite (1ère utilisation : fin avril 1916) Allemagne : Klop (1ère utilisation avril 1917) -Forme liquide ; dispersion par obus ou vagues dérivantes. -Substance jaunâtre, très persistante (jusque 15h). Est souvent mélangé à d’autres gaz. -effet lacrymogène important. Propriété suffocante proche de celles du phosgène. -Provoque nausées, vomissements, narcose (état proche du sommeil), état dépressif à faible concentration. -Intoxique par voie respiratoire et cutanée.
G/ Thiophosgène -En France : Claircite (1ère utilisation : septembre 1915, en Champagne) -Dispersion par obus (les premiers obus à gaz français) -Extrêmement toxique à haute concentration, perd rapidement ses propriétés une fois dilué.
Dernière édition par Admin le Lun 12 Jan - 3:29, édité 1 fois | |
| | | Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: e Lun 12 Jan - 3:23 | |
| II/ Les irritants lacrymogènes
Ces substances ont des effets communs : elles provoquent des douleurs oculaires, larmoiement et des conjonctivites. Les voies aériennes supérieures ne sont pas épargnées : irritation, toux. A haute concentration, et par contact, cela produit des brûlures cutanées. Cette substance est utilisée depuis le début du conflit (puis utilisation de plus en plus courante après 1915), avec de multiples variantes :
A/ Bromacétate d’éthyle -France : Macétite (août 1914) -Dispersion par grenade ou fusée -Effets : à l’air libre, ce gaz est légèrement incapacitant. Si sa concentration monte, en milieu clos, il peut devenir mortel.
B/ Bromure de xylyle -Allemagne : T-Stoff (janvier 1915 en Russie, juin 1915 en Argonne) -Dispersion : par obus -Effets : action incapacitante à basse concentration.
C/ Chloracétone -France : tonite (1ère utilisation avril 1915) -Dispersion : grenades -Effets : généralement faible, fut rapidement retiré des opérations
D/ Bromure de benzyle -France : cyclite (1ère utilisation par les français en Argonne, 1915, puis par les allemands) -Dispersion : obus puis projectiles de Minen -Effets : c’est un lacrymogène puissant, qui peut devenir toxique à haute concentration.
E/ Bromacétone -Allemagne : B-Stoff (juillet 1915) -Anglais : BA -Dispersion par nappes dérivantes puis par obus -Possède de puissants effets lacrymogène, mortel à haute concentration
F/ Bromométhyléthylcétone -Allemagne : Bn-Stoff (août 1915) -France : Homomartonite (synthétisé seulement après mars 1918) -Dispersion par obus
G/ Acroléïne -France : papite (début 1916) -Dispersion par obus ou grenades. -Effets lacrymogène et puissamment toxique : peut provoquer le décès en 1 minutes si la concentration est élevée (particulièrement en milieu fermé)
H/ Chloracétophénone -France : Grandite (1916) -Dispersion par obus -C’est un lacrymogène violent, avec quelques effets vésicants. | |
| | | Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: e Lun 12 Jan - 3:23 | |
| III/ Les irritants sternutatoires Sternutatoire : qui provoque la toux Ce sont des dérivés de l’arsenic. Ils furent introduits par les allemands. Il en existe deux types : les arsines irritantes et les arsines vésicantes.
A/ Arsines irritantes Leur action porte sur les voies aériennes supérieures et les yeux : importante irritation. On peut observer les signes suivant : sensation de brûlure, toux, nausées, vomissements, dyspnée asthmatiforme en cas de longue exposition. Ces signes disparaissent après plusieurs heures
a/ Chlorure de diphénylarsine -Allemagne : Clark I (juillet 1917) -Dispersion par obus « croix bleue » -Il existe un effet retard de quelques minutes (les effets n’apparaissant que plusieurs minutes après l’exposition)
b/ Cyanure de diphénylarsine -Allemagne : Clark II (mai 1918) -Dispersion par obus « croix bleue » -Il possède le plus important effet irritant de tout ce qui a pu être utilisé en 14-18
B/ Les arsines vésicantes Elles possèdent à la foix un effet sternutatoire et un effet vésicant (irritation grave de la peau). On peut observer les signe suivants : violente détresse respiratoire, crampe de la poitrine, parfois des vomissements…
a/ Dichlorure d’éthylarsine / dibromure d’éthylarsine -Apparut en mars 1918. -Dispersion par obus (« Croix jaune I », « Croix verte III » -Effet pendant 24h
b/ Dichlorure de phénylarsine -Apparut en novembre 1917 -Dispersion par obus à gaz -Effets identiques mais avec un effet vomitif majoré -A haute concentration, gros problèmes cutanés avec risque d’infection.
C/ Les labyrinthiques -Oxyde de méthyl dichloré et oxyde méthyl dibromé -Obus à croix blanche -Ce sont des éthers méthyliques, utilisés par les allemands après mars 1918. Il provoquent des troubles de l’orientation et de l’équilibre par atteinte de l’oreille interne. Ils possèdent également un effet lacrymogène, irritant respiratoire, suffocant, sternutatoire, vésicant… -Aurait des effets cancérigènes | |
| | | Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: e Lun 12 Jan - 3:24 | |
| IV/ Les Vésicants
Il s’agit en fait d’une seule substance, déclinées en quelques variantes chimiquement très proches. Certaines arsines ont également un effet vésicant (vu précédemment).
Le sulfure d’éthyl dichloré
-France : Ypérite (1ère utilisation en juin 1918) Allemagne : Lost, Senftgaz (1ère utilisation en juillet 1917) -Dispersion par obus, « croix jaune » -La protection par masque est parfois insuffisante. -La première version du gaz avait une action essentiellement sur les yeux et la peau. Après amélioration du solvant, la deuxième version a en plus une action pulmonaire. -C’est un gaz à persistance élevée (plusieurs semaines) -C’est un gaz insidieux : il peut se passer plusieurs heures entre l’exposition et les premiers signes d’atteinte.
-Effets : vésicant, lacrymogène et toxique :
-les yeux : douleur intense, brûlure, conjonctivite, effet lacrymal important, œdème des paupières, cécité possible -la peau : érythème (rougeur), phlyctène jaunâtre bénigne sauf si infection postérieure. -la respiration : Atteinte des voies respiratoires supérieures : sensation de brûlure intense, douleur majeure de la bouche, des narines et du pharynx, écoulement nasal, toux persistante, aphonie, saignement de nez (épistaxis) après quelques jours. Possibilité d’atteinte des voies respiratoires inférieures : les fonctions respiratoires sont alors gravement compromises. Œdème du poumon hémorragique vers 48h. Risque majeur de broncho-pneumopathie (infection). A long terme (si survie) : emphysème chronique, bronchite chronique, asthme. -Système digestif et intestinal : nausées, vomissements, dysphagie en 24 à 48h. Le plus souvent, on observe ces signes car ingestion de produits contaminés. Plus rarement, on observe des hématémèses (vomissements de sang), diarrhées hémorragiques, maeléna (selles + sang digéré)... Dans ces cas, le pronostic vital est gravement compromis. -Autres signes : problèmes sanguins (notamment baisse du nombre de globules blancs et patient très vulnérable à la moindre infection), asthénie (fatigue), sommeil persistant, dépression. | |
| | | Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: e Lun 12 Jan - 3:25 | |
| V/ Les toxiques générauxCe sont des substances dérivés du cyanures : acide cyanhydrique, cyanogène. Ce sont les seuls produits de cette classe à avoir été utilisé pendant la Première Guerre mondiale. -France : Forestite (juillet 1916, bataille de la Somme) -Dispersion par obus -Il s agissent par pénétration dans l’organisme à travers la barrière pulmonaire. Odeur d’amande amère. -Effets : A faible concentration, céphalées, nausées, vomissements, perte d’équilibre. A concentration plus importantes : décès rapide (quelques minutes) par paralysie des centres respiratoires, convulsions, vomissements, émission d’urine et de selles... Voila qui clôt ma petite présentation. Je me suis particulièrement attaché à décrire les modes de fonctionnement des différentes substances toxiques, ainsi que les effets sur l’humain. Pour ce qui est des descriptions plus techniques, notamment des obus, des protections, je laisse le soins à d’autres personnes plus instruites sur le sujet de complèter ce dossier ! voir http://lagrandeguerre.cultureforum.net/les-dossiers-a-themes-generaux-f18/les-gaz-utilises-et-marquages-t1052.htm | |
| | | Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: e Lun 12 Jan - 3:26 | |
| Petit tableau récapitulatif : Sources de la recherche : - wikipédia - encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, sous la direction de Stéphane Audouin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker, editions Bayard, 2004 - Thèse de diplome d'état d'un docteur en pharmacie (a servi à élaborer un site consultable ici : http://pageperso.aol.fr/_ht_a/Guerredesgaz/index.htm) | |
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