Voici une lettre du Capitaine Fabre le 29 octobre 1914.
Lt Fabre Fleury 29 octobre 1914
240 ème
21 ème Cie
Chère maman,
Je termine ma lettre d’hier. Tu y trouveras une citation à l’ordre de mon régiment et là, un exemple de ma conduite dés le début de la guerre.
C’était le 2 ème jour que nous combattions. Favorisés par le brouillard, nous avions pu, dés 4 H du matin, quitter le village de St Maurice où nous avions couché et nous abriter derrière le talus de la ligne du ch. de fer Etain- Confland.
Le combat s’engagea à 4H20. Nos hommes tiraient sans voir les prussiens. Nos jumelles étaient impuissantes pour nous les révéler et cependant, ils étaient près, à 100 m à peine, mais cachés dans des tranchées qu’ils avaient creusées la nuit.
3 Régiments étaient en ligne
Ligne ennemie
240 ème 258 ème 42ème
240ème à gauche
Les feux ennemis étaient si meurtriers que les 2 régiments de droite lâchèrent leur position sans nous prévenir. Les prussiens nous attaquèrent alors à l’aile gauche, au centre et à l’aile droite. Les morts tombaient à nos pieds, les blessés criaient, appelaient, l’un sa femme, l’autre ses enfants ou sa famille, les chefs se concertaient du regard.
Nous nous étions sacrifiés, quand l’ordre nous parvint de battre en retraite. Mais déjà, nombreux hommes avaient quitté le talus, c’était le désordre, une mêlée de cibles vivantes.
Aussi, que de victimes ce jour-là! C’était le 25 août.
Sur 2200 Hommes, nous perdions 900 Hommes et quelques officiers.
Triste journée, j’ai vu la mort à mes trousses.
Depuis ce combat, je pense très souvent à vous, mais , j’en ai vu d’autres et dans ma prochaine lettre, vous lirez un nouveau récit.
Je termine ma chère maman et t’embrasse de tout mon cœur. Ton fils qui t’aime bien et ne t’oublie pas.
Fleury