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jupiterFils du colonel Blanchot dont il est le 11e et avant-dernier enfant, il passe son enfance à Bordeaux puis emménage à Paris (son père est nommé commandant militaire du Sénat) où il est inscrit au lycée Henri-IV, établissement où il rencontre André Dunoyer de Segonzac et Maurice Constantin-Weyer qui resteront ses amis les plus proches. C’est à l’âge précoce de 8 ans qu’il invente son nom d’artiste, Gus Bofa.
Après quelques années comme ingénieur il se lance dans l’affiche et participe au Rire puis au Sourire et à La Petite Semaine. Il dessine aussi des costumes et décors pour le théâtre. Pendant la Première Guerre mondiale il compose les couvertures du magazine La Baïonnette. Dans l’entre-deux-guerres, il collabore au mensuel Le Crapouillot.
Son ami Pierre Mac Orlan a dit de lui : «
Gus Bofa est avant tout un écrivain qui a choisi le dessin pour atteindre ses buts. Un texte de Bofa, un dessin de Bofa sont construit dans la même matière et l’un et l’autre sont animés de ce même rayon de poésie humoristique qui comprend tout ce qui tient une place entre la vie et la mort. »Il se destine à la carrière militaire mais y renonce au moment de présenter le concours de Saint-Cyr. Pour gagner un peu d’argent, il commence, dès 1900, à vendre des dessins aux journaux illustrés comme Le Sourire, Le Rire ou La Risette.
Après son service militaire, et quelques emplois de bureau sans intérêt, il crée, vers 1906, les Affiches Gus-Bofa. Fort de son succès d’affichiste, il écrit des contes pour la presse, des revues pour le music-hall et tient la chronique théâtrale du Rire puis du Sourire, journaux qu’il dirige brièvement et où il fait débuter Pierre Mac Orlan.
Très grièvement blessé aux jambes en décembre 1914, il refuse d’être amputé et, de son lit d’hôpital, envoie des dessins à La Baïonnette.
Au lendemain de cette guerre, qui l’a laissé infirme, il commence, poussé par Mac Orlan, une carrière d’illustrateur de livres de luxe. Il met ainsi en image Mac Orlan, Courteline, Swift, Voltaire, De Quincey ou Cervantès. Parallèlement, il publie des albums personnels comme Le Livre de la guerre de cent ans ou Chez les toubibs.
Fondateur et directeur du Salon de l’Araignée, qui veut donner un espace de liberté aux dessinateurs et les pousser à un art plus personnel, Bofa s’occupe aussi de la chronique littéraire du Crapouillot, magazine littéraire et artistique, qu’il tiendra jusqu’en 1939.
Avec les années 1930, son œuvre prend un tour de plus en plus personnel et hanté. Malaises décrit l’angoisse existentielle et La Symphonie de la peur propose la peur comme moteur de l’histoire humaine. Zoo présente l’homme comme un animal dénaturé.
Les années 1950 marquent la fin de l’édition de luxe et, pour Bofa, le début de l’oubli. Indifférent à la gloire, il approfondit, à travers des livres autobiographiques, dont il signe textes et images, comme La Voie libre, Déblais ou La Croisière incertaine, une réflexion désabusée et pessimiste sur la condition humaine.
Il meurt à quatre-vingt-cinq ans.
Ses oeuvres
http://www.gusbofa.com/ouvrages.php3Une de ses oeuvres:
"Les mains sous la nuque et les yeux baissés sous la petite lampe du plafond, je regardais mes compagnons d'armes, dont les visages durcis par le sommeil révélaient des souffrances et des souffrances patiemment accumulées.
Alors je compris pourquoi le paradis est acquis sans réserves aux soldats morts sur le champ de bataille, la paradis d'Allah, comme me l'avait expliqué avant la nuit Abdullah ben Saïd, le vieux tirailleur et mon compagnon de voyage pour cette fois." Pierre Mac Orlan, Les Poissons Morts.
Pendant la guerre, Mac Orlan a vécu "dans le déréglement de notre imagination et dans une atmosphère monstrueuse de sang et de mort." Ses souvenirs du front, il les raconte comme un cauchemar, une longue hallucination, plus proche de Poe que de Dorgelès.
Les dessins de Bofa indignent Norton Cru : "
L'illustrateur a encore accentué le caractère bouffon du texte et nous montre des types de poilus comme il n'en a jamais existé : des minus habentes, falots, en haillons, abrutis, imbéciles parfaits..." (Témoins)