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| Sujet: Armée d'Orient : les jumelles de l'aspirant Henry Maubert Sam 17 Nov - 0:33 | |
| post de asiateBonjour Je vous présente cette jolie trouvaille pour qui s'intéresse à l'armée d'Orient : il s'agit d'un paire de jumelles impactée par une balle qui a traversé de bas en haut le dessus de l'étui. Elles sont accompagnées d'un mot manuscrit qui précise : " Jumelles de l'aspirant Henry Maubert, du 2e escadron du 1er Chass d'Af, blessé de 3 balles au combat de Larissa du 17 juin 1917 (sabre et galop contre infanterie couchée). C'est lui qui, avant d'être atteint, a épinglé le colonel ennemi, la gorge transpercée d'un furieux coup de pointe. Jumelles salvatrices !" Cet épisode s'est déroulé dans le contexte particulier du front d'Orient du milieu de l'année 1917 : En 1914, la Grèce a proclamé sa neutralité. Cependant, les pressions des grandes puissances, et surtout de la France, ont obligé peu à peu le pays à prendre parti dans le conflit. Plutôt germanophile, le roi Constantin Ier s’est retrouvé en opposition avec son premier ministre Eleuthère Vénizélos, favorable aux Alliés. Le 3 octobre 1915, ce dernier a autorisé les troupes alliées, évacuant les Dardanelles, à débarquer à Salonique (Thessalonique). En réaction, le roi a démis Vénizélos de ses fonctions, creusant ainsi le fossé entre les vénizélistes jugés révolutionnaires et les monarchistes. Le 16 septembre 1916, l’ex-Premier ministre a formé, avec l’aide du général Maurice Sarrail, qui commande l’Armée d’Orient, un gouvernement provisoire à Salonique, ouvrant la voie à un « Schisme national » qui a conduit la Grèce à être divisée en trois parties : au sud, la zone dépendant du gouvernement royal (seul reconnu internationalement) avec pour capitale Athènes ; au nord, la Macédoine et l'Épire contrôlées par les partisans de Vénizélos et acquises aux Alliés), et entre les deux, une zone neutre contrôlée par les forces alliées pour éviter une guerre civile. Au début de l’année 1917, la situation est devenue politiquement intenable dans la mesure où le roi a fait mouiller des mines dans l'isthme de Corinthe pour gêner le trafic des navires alliés et qu'il soutient une guérilla sur les arrières des alliés. Le 19 avril, pour en finir avec cette situation kafkaïenne, Français, Britanniques et Italiens décident de renverser le souverain. Le 11 juin, un corps de expéditionnaire de 10.000 hommes majoritairement français est débarqué au Pirée et dans l’Isthme de Corinthe, tandis qu’un raid de cavalerie est mené en direction de Larissa. Cette ville, acquise à la cause de Vénizélos doit être conquise de haute lutte le 12 juin. A la suite de sa prise, le roi Constantin, bloqué dans le Péloponnèse renonce à poursuivre le combat et abdique au profit de son fils Alexandre. La Grèce va pouvoir être réunifiée et combattre aux côtés des Alliés. Le JMO du 2e Escadron du 1er Chasseurs d'Afrique relate cet épisode : 12 juin 1917, la mission du régiment est :
1°/ de pousser avec un escadron (Escon Durant) renforcé des automitrailleuses sur Larissa, de reconnaître le pont, de l’occuper si possible et de retarder toute destruction. Le poste grec qui défendait le pont s’étant rendu, deux pelotons de l’ Escon Durant l’occupent. Le 2e escadron va occuper la préfecture, la poste et la gendarmerie. Le 3e escadron va occuper la gare de Holos et tient les débouchés sud et sud-est de la ville. La section de mitrailleuse est en réserve sur la place du centre. Le colonel commandant le groupement donne au Cdt Petiton d’aller avec le 4e escadron à la caserne grecque, de la cercler et de faire mettre bas les armes aux troupes qui s’y trouveraient. Pendant l’opération du désarment qui ne se fait pas sans grande difficultés, les sections d’infanterie grecques s’échappent du quartier, franchissent en tirant des coups de feu le barrage fait par les cavaliers du 4e escadron. Le Cne Drevon est chargé avec deux pelotons d’arrêter les fuyards et de les ramener au quartier. Il se porte avec les deux pelotons (Lt Berton et Fontaine) en avant de la phase sud-est du quartier, il fait ouvrir le feu sur les Evzones qui s’enfuient. Ceux-ci répondent par un feu violent ; d’autres Evzones sortant du quartier entourent les chasseurs. Le capitaine Drevon jugeant la situation critique porte ses deux pelotons en arrière sur les abords immédiats de la caserne. A ce moment là, un escadron de spahis marocains arrive. Le capitaine Drevon fait alors monter le peloton du Lt Berton à cheval, pesant que le Lt Fontaine prend position avec les fusils-mitrailleurs sur le talus de la caserne. Le capitaine Drevon se place à la gauche des spahis et charge en fourrageur l’infanterie grecque. Cette charge brillament exécutée sur une infanterie très supérieure en nombre réussit à arrêter les sections des Evzones qui sont fait prisonniers et ramenés au quartier. Dès le début de la charge, le lieutenant Berton, le brigadier Tilly, les chasseurs Roll et Ameur, sont frappés mortellement. Quelques minutes après, le capitaine Drevon, l’aspirant Maubert, les brigadiers Kriegel et Rozer, les cavaliers Imbert et Train sont blessés très grièvement.Photographie des Evzones grecs fidèles au roi, rassemblés après leur capture. Manifestation des partisans de Vénizélos au lendemain de la prise de la ville par les Français | |
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