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| Les Dardanelles en 1915 et aujourd'hui | |
| | Auteur | Message |
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Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: Les Dardanelles en 1915 et aujourd'hui Mar 13 Juin - 14:41 | |
| post de SlyJuste de retour de Turquie voici un petit reportage photographique sur ma visite des champs de bataille des Dardanelles; une grande quantité de sites et traces du conflit y sont encore visibles, assez différent de « notre » front occidental, et le sens de la mémoire est aussi très fort chez nos amis turcs... mais maintenant place aux photos ! 1ère partie: Les forts du détroit et les attaques navalesCompte tenu de l'importance stratégique du détroit depuis bien longtemps, de nombreux forts, certains très anciens, avaient été construits sur les deux rives du détroit par les turcs. De plus, des projecteurs balayaient les eaux du détroit la nuit, truffées de mines et de filet anti-sous marin. A la pointe du détroit se trouve Seddul-bahir, position clé: le vieux fort datant de 1659 a été fortement endommagé dés le début des hostilités: la flotte franco-britannique le bombarde le 3 novembre 1914, puis en fevrier et avril 1915. A ce moment là, il y avait 10 canons dont deux 28cm Krupp. L'un deux gît toujours là, comme de nombreux encuvements pour pièces... A l'arrière plan la rive asiatique et Kumkale.L'intérieur du vieux fort, des morceaux de canons détruits...Le fort qui a aussi servit de PC au Général d'AmadeJuste à l'ouest de Seddul-bahir à Helles se trouve le fort d'Ertugrul, construit plus tard: deux canons Krupp de 24cm avec chambres à munitions, ce petit fort se visite: un canon, quelques mannequins, de l' équipement turc, et une petite vitrine de « fouille » d'un goût plutôt douteux: une chaussure britannique avec les os du pied, le tibia et le péroné qui en sorte... des tranchées turques dominent toujours l'entrée du détroitL'un des canon Krupp du fortencore une autre pièce...En remontant la rive ouest du détroit se trouvaient de nombreuses pièces et obusiers jusqu'à Kilit-bahir: un vieux fort datant de 1452 qui jouxte le fort de Namazgah (16 canons de 28cm, 24cm et 21cm) et Rumili Hamadiye (dont deux pièces de 35cm) le vieux fort de Kilit-bahir à droite et le plus récent à gaucheSur l'autre rive (asiatique) se trouve le fort de Kumkale, dont l'accés est toujours interdit aujourd'hui (zone militaire), ici même ont débarqués les français le 25 avril 1915. Au passage dans un petit village, une pièce d'artillerie abandonnée, des torpilles, afûts, etc... D'autres batteries à Kumkale Cakaletpe sous casemate: Kumkale CakaletpeDe nombreux canons sont encore visibles, le fort de Mesudiye et les impressionantes tourelles de Turgut Reis (elles sont d'aprés guerre mais valent vraiment le détour !) les doubles tourelles perchées dans la montagnel'interieur est accessible égalementLa batterie de Dardanos: 5 pièces de 15cm Krupp... ce sont elles qui ont durement endommagé le « Bouvet ». Le 17 avril, un sous marin britannique, le « E-15 », dérive à cause des forts courants et fait surface .Aussitôt les artilleurs turcs ouvrent le feu et touchent le kiosque: le 6 hommes sont tués, ainsi que le Capitaine du sous marin T.S Brodie. Le reste de l'équipage est fait prisonnier et le sous marin abandonné. Par un hasard extraordinnaire, quelques instants plus tard un avion britannique de reconnaissance survole les lieux, repère et signale le sous marin abandonné... l'avion était piloté par le lieutenant C.G Brodie, le frère jumeau du captaine ! DardanosLa partie la plus étroite du détroit se situe entre Kilit-bahir et Canakkale, forte position turque avec son puissant fort. L'ensemble du détroit avait été miné par les trucs, et leur nombre avait été grandement sous-estimé par les alliés. Sur le port se trouve encore différents types de mines, lance-torpilles, pièces d'artillerie, sous-marin, mouilleur de mines... très impressionnant ! L'attaque navale alliée du 18 mars 1915 coute très cher: de nombreux navires sont gravement endomagés mais surtout les navires « Océan », « Irrésistible » et le français « Bouvet » coulent causant plus de 800 morts alliés, 44 canons seront perdus... En face, seulement 97 turcs et allemands sont tués. Victoire défensive, cette date est très présente en Turquie comme le rappelle un panneau géant sur les hauteurs de Canakkale, ou encore tous les souvenirs estampillés « 18 mars 1915 » en vente partout. Une maquette grandeur nature du « Nusrat », mouilleur de mines turc, se visite sur le port. des mines turquesle Nursat, mouilleur de mines en 1915Le « Bouvet », a d 'abord été touché par les batteries de Dardanos, puis se repliant a heurté un mine certainement laissé par le « Nusrat ». Il a coulé en 3 minutes à cet endroit (600 marins français ont périt.), légérement à gauche sur la photo prise depuis de la batterie turque. Vue de l'autre rive (Morto Bay), le bateau visible est a peu prés à l'endroit exact ou le « Bouvet » a sombré Un panneau en bronze sur le port de Canakkale rappelle cet épisode: Un lance-torpille turque, utilisé en 1915: Un morceau du sous marin allemand U46 coulé par une mine dans le détroit Beaucoup de choses à voir à Canakkale... A Rumeli Mecidyie (Kilit-bahir) se trouve une statue du caporal turc Seyit: le 18 mars 1915, il était artilleur et 61 de ses camardes sont tués ou blessés par les navires alliés. Seul homme valide restant autour de son canon, il reussit à déplacer tout seul un obus de 275kg, charge sa pièce et fait feu sur « l'Ocean ». Coup au but, le bateau se replie puis saute sur une mine et coule. le caporal Seyit portant un gros obus !Une photo du BOuvetUne autre, quelques instants avant le drame
Dernière édition par Admin le Mar 13 Juin - 14:46, édité 1 fois | |
| | | Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: e Mar 13 Juin - 14:42 | |
| Deuxième partie: les débarquements et les attaques terrestresAprés l'echec de la tentative navale un débarquement franco britannique est decidé en plusieurs endroits de la peninsule pour s'emparer des hauteurs et prendre le contrôle de celle-ci. Le rôle des françaisCoté français, ils débarqueront à la pointe du détroit de part et d'autre: à Seddul-bahir mais aussi à Kumkale pour faire croire aux turcs à une attaque sur la rive asiatique. C'est le Corps Expeditionnaire d'Orient du général d'Amade qui à la veille du débarquement est composé de: 1ère division de marche (Masnou) Brigade métropolitaine: 175ème RI et 1er rgt de marche d'afrique Brigade coloniale: 4ème et 6ème régiments mixte de marche 8ème regiment de marche des chasseurs d'afrique 2 groupes de 3 batteries de 75 1 groupe de 2 batteries de 65 de montagne 1 compagnie du génie 1 demi compagnie du train 2 sections de projecteurs à Kumkale le 25 avril, le 6ème regiment colonial débarque à 9 heures et s'empare du fort à 11 heures. La resistance turque s'organise mais les français tiennent bon, les troupes ré-embarquerant le 27 avril au matin. le fort de Kumkale et le détroit en arrière planla lagune ou nos troupes débarquèrent, vue depuis les premières lignes turquesdu barbelé turc... d'époque ?À Seddul-bahir, les français débarquent à Morto Bay, 4 autres bataillons à « V beach » avec les britanniques. le 175ème RI avance de 3 kilomètres à l'interieur des terres vers le Kereves Dere et le massif d'Achi-baba. Les britanniques débarquent à Helles et avancent en direction de Krithia. Morto Bayla même plage vue de l'autre coté avec l'imposant mémorial aux martyres turcs.aprés avoir pris pied sur le plateau, voilà les premiers paysages que nos poilus d'orient découvrentSeddul-bahir, le fort et V beach vue depuis les tranchées turquesLa progression est difficile, le Kereves dere est atteint mais le 28 avril le 175ème doit se replier sur l'autre versant: ce jour là, le régiment perd 974 hommes (25% de la troupe) et 27 officiers (75% !) S'en suit une période d'attaque et de contre attaque succesives mais le Kereves dere resistera toujours et le massif d'Achi-baba ne sera jamais atteint. Une tranchée turque capturée devant le Kereves dere, au fond le détroitvue de la position dite « du quadrilatère », au niveau des premières lignes françaisestoujours depuis les premières lignes françaises, la rive du Kereves dere et derrière les hauteurs Achi-babaIci a été tué le lieutenant colonel turc Hassan Bey le 11 juillet 1915 par un soldat français, lui même blessé. Avant de mourrir, les derniers mots d'Hassan Bey à ses hommes ont été: "ne tuez pas ce français, il n'a fait que son devoir" Un canon français, prés de l'ancien PCdepuis la position française de l'observatoireDans l'ensemble de la campagne les pertes françaises seront trés elevées (27000 hommes) pour un territoire gagné relativement étroit, les quatres cimetières militaires d'origine ont été regroupés en 1923 dans la grande nécropole de Seddul-bahir: 15000 corps dont 12000 dans quatre ossuaires, beaucoup de coloniaux ici. les croix métalliques sont noiresla tourle cimetière est trés bien entretenudétail d'un des 4 ossuairesEn arrière du cimetière sur les hauteurs se trouvait la ferme Zimermann, dont aujourd'hui ne reste presque plus rien: La ferme, ancien PC français | |
| | | Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: e Mar 13 Juin - 14:43 | |
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| | | Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: e Mar 13 Juin - 14:44 | |
| Coté britannique et ANZACle 25 avril 1915 à Helles la 29ème division britannique débarque sur les plages V (plage principale), W et X. Deux autres débarquements mineurs ont lieu sur les plages S et Y, la plus difficille. Comme pour les français, la progression est lente mais réelle vers Achi-baba. unités à V Beach: The Royal Munster Fusiliers, The Royal Dublin Fusiliers, Hampshire Fusiliers, West Riding Field Royal Engineers, ensemble avec Field ambulances et Anson Battn RN Divisionvue de la plage V, au premier plan le V Beach CWGC cemetery directement sur la plageautre vue de V Beach, là ou le SS River Clyde s'est échoué: utilisé comme "cheval de Troye" par les britanniques La plage depuis les tranchées turquesAprés guerre l'imposant mémorial britannique de Helles a été construit en hommage au plus de 20.000 disparus britanniques lors de cette campagne: haut de 33 mètres, il domine l'extremité de la péninsule. le mémorial de HellesAprés avoir débarqué et escaladé les falaises (ici à W beach ou Lancashire Beach) les Tommies prennent pied sur le plateauCoté ANZAC, le débarquement du 25 avril a lieu plus au nord, à Z beach vers GabaTepe. Malheureusement les courants dévient les navires 1.5km plus au nord vers la plage Ari Burnu. Aujourd'hui certains turcs affirment qu'un pécheur turc aurait volontairement "guidé" au mauvais endroit les ANZACs. Who knows ? La plage ANZAC Cove est le pire endroit pour débarquer: quelques mètres de sable, une falaise, une route puis une vraie muraille, le massif de Chunuk bair et la Sari Bair. Mais ce jour là à l'aube les défenses turques sont faibles et plus de 4000 australiens débarquent là en 30 minutes. Le commandement turc (Mustapha Kemal) réagit vite, les 55ème et 77ème régiments turcs arrivent rapidement sur les hauteurs et canardent les ANZACs depuis les hauteurs. Plus de la moitié des hommes débarqués seront tués, blessés ou disparus. ANZAC Cove: le pire endroit pour débarquer !Le paysage qui fait face aux ANZACs le 25 avril 1915Cette vallée était le seule point d'accés possible pour progresser: vue au niveau de Shrapnel Valley CWGC cemetery...et le même cimetière, tout en bas, vue depuis les positions turques !Les combats vont faire rage pendant l'été brulant sur la ligne de crète, les australiens et néo zelandais faisant face aux contre attaques turques... Vue de la peninsule depuis Sari BairLe cimetière et le mémorial australien de Lone PineUn soldat turc secourant un australienEn cherchant un peu, on trouve encore sans difficultés des traces des combats: Un relief bien marqué...dans une tranchée turqueou encore des entrées d'abrisAu sommet de CHunuk Bair la statue d'Ataturk est immanquable et la vue imprenable. Mustapha Kemal ou Ataturk, le père de la Turquieet encore un dédale de tranchées impressionnant courant au sommet de la montagne. Chunuk Bair Au fond Sulva Bay et le lac salé ou un second débarquement aura lieu le 6 aout 1915. C'est aussi d'ici que les troupes ré-embarqueront avec succés à la fin de la campagne. VOilà j'en ai fini avec mon petit reportage qui j'espère vous a interessé, sans prétention aucune je connaissais déjà un certain nombre de champs de bataille en France et en Belgique mais ce que j'ai vu ici m'a vraiment impressionné, à tout point de vue et j'y retourne d'ailleurs dans quelques mois ! Avec tout mes remerciements particulièrement à David, mon ami (et chauffeur), à Sinan, Armaggan, Lufti, à la gentillesse et l'hospitalité des turcs et un merci particulier aux supporters de Fenerbahce pour cette soirée inoubliable à Istanboul Et un grand merci à tous pour votre passion et vos messages | |
| | | Admin Admin
Messages : 3568 Date d'inscription : 18/02/2008
| Sujet: e Mar 13 Juin - 14:44 | |
| Le plus impressionnant sur ce front méconnu c'est la totale absence d'arrière coté allié: le front franco-britannique au sud de la péninsule se trouvait entre 3 et 4 km des plages, les troupes "au repos" y étaient constamment marmitées par l'artillerie turque, y compris celle tirant depuis la rive asiatique. A tel point que les soldats préféraient rester en première ligne, ou le principal danger était les balles plutôt que les obus. Le général Gouraud (lui même griévement blessé le 30 juin 1915 à Seddul-Bahr) trouvera les mots justes: " une armée trop nombreuse concentrée dans un trop petit espace" Seuls de rares chanceux partaient au repos dans les iles voisines, Lembros ou Tenedos, base arrière. Vue de Seddul-Bahr depuis le fort d'Etregül, c'était ici ou tout le matériel était debarqué, un hôpital militaire sous tentes s'y touvait aussi. C'est en visitant cet hôpital que le Général Gouraud a été blessé à l'endroit de la dernière maison la plus prés de la plage, derrière le cimetière britannique "V beach".Le vieux fort de Seddul-bahr, fortement endomagé dés la première attaque navale de novembre 1914.llez, encore une petite: "W beach", ou Lancashire landing en 1915: et la semaine dernière: | |
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