Pour la première fois, le 04 avril 1917 devant Arras, les projectiles Livens furent utilisés contre les tranchées allemandes pour une attaque de grande envergure. Cette arme, utilisée en batterie à 45% dans une tranchée, permettait d’obtenir un nuage toxique très concentré (≈13kg/m2) avec une surprise totale sur les lignes ennemies.
Cette nouveauté était le fruit des travaux de l’ingénieur anglais, le Lieutenant LIVENS, qui s’était juré de venger un parent décédé lors du torpillage allemand du Lusitania le 8 mai 1915. Son lanceur, le projector, permettait par un déclencheur électrique d’envoyer un projectile de grande capacité toxique à bonne distance. De réalisation simple, son projector comprenait un tube d’acier de 21.5cm de diamètre fermé à son extrémité par un arrondi reposant sur un socle (chapeau mexicain). Afin d’augmenter la porté (1.25 km), il convient d’adopter un tube plus long. Ce dernier sera décliné en trois longueurs, 0.71 mètre, 0.84 mètre et 1.26 mètre.
Les britanniques cédèrent aux français ces Livens qui les utilisèrent sur le front de l’Aisne. Le bataillon français Z, du commandant Girondin, abandonna les attaques par vague pour utiliser les premiers lanceurs français début 1918.
A l’origine, le projectile était un bidon de 3 gallons de graisse pour devenir en acier de 5mm pour 15,5 kg, de forme cylindrique avec des extrémités arrondies. Il peut contenir 11 litre de toxique (phosgène CG ou chloropicrine avec 20% de tétrachlorure de zinc NC). Il est traversé de part en part par un tube soudé à l’enveloppe. Ce dernier est percé sur la partie arrière (côté bouchon) afin de permettre le remplissage en toxique. L’autre côté est fileté pour recevoir la gaine d’éclatement. Ce projectile anglais se décline en version inerte, incendiaire, fumigène au phosphore rouge et toxique.
L’incendiaire se distingue par la présence d’un bouchon latéral de 2 inch. Quant au fumigène il possède un petit bouchon sur la partie hémisphérique. La version toxique sera lisse. Pour ce qui concerne l’exercice, la version possède une grande partie rétreinte en son milieu.
exemplaire de 0,84m avec son embase trouvé en 1999 (collec.
seaforth)
quelques lanceurs, un de 0,95 m et un de 1,26 m (collec.
flandres04-18)
un de 0,84m (collec.
flandres04-18)
exemplaire de 0,95 cm (collec.
bleu blanc rouge)
photo postée par
CharlesPhoto postée par
bourlonwood :
à gauche, une embase de Livens, au milieu en bas un couvercle de la charge propulsive qui sert de base à la bombe dans le tube (ce qui explique la forme). Et a droite une mini-embase comme celle du Livens, les 2 trous pour la corde de transport...A identifier donc
Un couvercle de charge est beaucoup plus petit, et l'objet à identifier possède les 2 trous pour la corde de transport...
les deux embases côte à côte:
La réplique allemande, les GaswerferFort de son efficacité, cette arme suscita un grand intérêt chez les ingénieurs allemands. Depuis 1914, grâce au mortier modèle1915, ils tiraient une bombe lisse de 18 cm à 800 mètres de façon imprécise. L’enveloppe de ce projectile explosif rebuté car peu performant fut ainsi recyclée pour une utilisation chimique. La première utilisation au phosgène eut lieu sur le front italien de Caporetto puis le 5 décembre 1917 à Réchicourt, au nord de l’étang de Paroy (secteur de la 56e D.I).
Bombe de 18cm lisse (explo).
Grâce à la saisie de projectiles britanniques, les ingénieurs allemands purent étudier le système de propulsion du Livens. Ils réalisèrent le mortier rayé gaswerfer 16cm, équipé d’un bouchon arrière pour le retrait du projectile chargé en phosgène en cas de non feu. Plus précis, d’une portée de 3.5 km, il protégeait les servants d’un retour de vent. Le projectile présentait 6 ergots taillés dans la masse avec un système de propulsion fixé au culot par des agrafes. Le chargement comportait environ 6kg de phosgène avec 2,7kg de granulé de pierre ponce afin de ralentir l’évaporation. Le projectile chimique fut utilisé pour la première fois dans les Vosges le 21 août 1918.