voici l'historique de cette petite unité :
HISTORIQUE DE LA
1ère COMPAGNIE
DES CHASSEURS FORESTIERS
Campagne 1914-1918
La première compagnie de Chasseurs Forestiers fut formée à Epinal le 4 Août 1914 par le rassemblement des préposés forestiers de 25 à 48 ans, exerçant en temps de paix leurs fonctions administratives sur le territoire de la 21ème Division [Conservation de CHAUMONT (Partie), EPINAL (Partie) et de NANCY (Partie)].
Cependant, certains groupements de chasseurs forestiers de la frontière ne rejoignirent la compagnie que le 7 Août, en autre les chasseurs forestiers du cantonnement de FRAIZE. Voici des renseignements précis à leur sujet : mobilisés dès le 31 Juillet 1914 ces chasseurs assurèrent par petits groupes la surveillance de la frontière entre le col du Bonhomme et le col de Louspach ; 1er Groupe Col du Bonhomme (caporal BARNIER) ; 2ème Groupe Rosberg ; 3ème Groupe Pré de Raves ; 4ème Groupe Duspach (sergent DOUDANT). Après avoir refoulé les premières patrouilles allemandes, ils se replièrent sur Fraize où ils furent mis à la disposition du capitaine des douanes, de Plainfaing, qui organisa la surveillance des issues de ce village pendant les journées des 5 et 6 ; le 158ème Régiment étant arrivé à Fraize, le 7, les chasseurs forestiers partirent pour Bruyères, et de là rejoignirent la 1ère compagnie.
Cette unité comprenait à l’origine 4 officiers : un capitaine commandant (capitaine HATT), un capitaine en second (capitaine BAUDEMENT), un lieutenant en premier (lieutenant HUDAULT), un lieutenant en second (lieutenant DESCHASEAUX), 7 sous-officiers, 10 caporaux, 220 chasseurs, pour la plupart anciens sous-officiers ou caporaux de l’armée d’active.
ROLE – Dès sa formation, la 1ère Compagnie de Chasseurs forestiers fut affectée au 21ème Corps d’Armée ; elle suivra l’état-major de ce corps dans tous ses déplacements, fournissant sentinelles et plantons au P.C ou au Q.G. Elle montera la garde aux issues des cantonnements, elle contrôlera les laissez-passer, elle assurera la garde des prisonniers pendant leur passage aux postes d’examens, elle les convoiera sur l’arrière, elle exercera constamment un rôle de police, concurremment avec la prévôté aux Armées. Enfin, pendant le mois d’Août 1914, notamment du 23 au 26, elle jouera le rôle le plus actif, en participant à la défense des ponts de la Meurthe.
La compagnie quitte Epinal le 11 Août 1914. Du 11 au 13, elle cantonne à Saint-Dié ; où elle est particulièrement chargée de la surveillance des issues ; du 14 au 16 elle est à Saales, le 17 à Saint-Blaise, où elle dirige les équipes de travailleurs chargés de l’assainissement du champ de bataille de « Diespach » ; le 18, elle bivouaque au Donon, le 19, elle est à Voyer. Ce jour-là, une partie de la compagnie prend les tranchées et rassemble quelques fuyards d’un régiment d’infanterie coloniale ; le 20, elle se trouve à Abrechviller. A ce moment commence le mouvement de retraite du 21ème C.A. La compagnie se replie sur Saint-Quirin, (où une escouade réussit à ramener le matériel dont une corvée s’est allégée pour aller au ravitaillement) Val et Châtillon. Le 23, elle est à Raon-l’Etape, où elle participe dans la nuit du 23 au 24, à la défense des ponts de la Meurthe avec ses trois premières sections.
Dans cet engagement, le lieutenant HUDAULT, les chasseurs LECOMTE, NOEL, JULIEN, RIBOULOT, VILLEMIN, sont blessés, le chasseur JACQUOT est tué. Voici, entre autres épisodes, les faits qui se sont passés à la passerelle de Neuville, dont la défense était confiée par le capitaine au caporal BARNIER et à neuf hommes de son escouade (PAVEM, PETIT-DEMANGE, BIESSOU, PIERRON, HUMBERT, BURTIN, BERNIER, RIBOULOT et DEVAUX). Après avoir mis en état de défense la maison qui se trouvait en face de cette passerelle, les chasseurs réussissent à repousser à plusieurs reprises les Allemands qui cherchent à s’approcher ; dans la soirée du 24, le groupe des défenseurs est renforcé par 1 sergent et 6 hommes du 21ème Bataillon de Chasseurs à pied ; les chasseurs forestiers ne quittent leur poste que sur l’ordre d’un capitaine du 20ème bataillon, dont la compagnie se trouvait déployée en tirailleurs dans le fossé de la route faisant face au canal d’alimentation de la scierie Lecuve (l’ennemi occupe l’autre rive sur une longueur d’environ 1 kilomètre) ; c’est en se repliant sous un feu intense que le chasseur forestier RIBOULOT est blessé, le chasseur JACQUOT est tué. Le caporal BARNIER est ses hommes rejoignent la compagnie le 26 à Saint-Benoît au Q.G du Corps d’Armée. C’est également là que la 8ème section, commandée par le lieutenant en second qui avait assuré du 23 au 26 la garde du P.C au bois de la Rappe (Sud de Baccarat), à Sainte-Barbe et à Menil, rejoint la compagnie.
La compagnie rassemblée suit l’état-major qui se déplace de Jeanménil à Saint-Hélène et à Girecourt sur Dubion. Le 4 Septembre, embarquement en gare d’Epinal.
Cantonnement à Wassy les 5 et 6 Septembre. Le corps d’armée engagé victorieusement dans la bataille de la Marne, talonne l’ennemi. La compagnie est Hampigny du 7 au 9 Septembre, à Dampierre-de-l’Aube le 10, à Coole (Marne) le 11, à Saint-Germain-la-Ville le 12, à la Cheppe le 13 et le 14 à Suippes. Elle quittera cette localité le 1er Octobre pour s’embarquer à Châlons-sur-Marne à destination de Merville (Pas-de-Calais), où elle arrive le 3 Octobre. Cantonnement à Bethune du 5 au 8 Octobre, à Houdain du 9 au 24. Le 25, elle s’installe à Noeux-les-Mines, qu’elle quittera en Juin 1915, lorsque le cantonnement sera cédé aux Anglais.
Le 1er Décembre 1914, 42 chasseurs de la zone frontalière, susceptibles de servir de guides dans les Vosges, sont mis à la disposition de la 7ème Armée. La plupart de ces chasseurs furent très appréciés dans les diverses formations où ils furent affectés. L’un d’eux, le sergent BERNIERE, trouve une mort glorieuse à proximité de son poste de paix, en se portant au secours de son officier blessé.
L’effectif de la compagnie déjà réduit, sera amoindri encore par le départ de 3 volontaires pour les unités combattantes (chasseurs MARMET, JACHET et DIEUDONNE) et par la remise à la disposition de l’administration forestière des gradés et chasseurs des classes 1887 et 1888.
En Mars 1915, la compagnie ne comprenait plus que 3 officiers (un capitaine et deux lieutenants), 7 sous-officiers, 10 caporaux et 120 hommes.
A partir du 15 Avril 1915, la compagnie, indépendamment de sa mission de police, aura à remplir un rôle purement forestier, rôle que les circonstances rendront par la suite de plus en plus important. Au cours de l’hiver de 1914-1915, le 21ème C.A pour satisfaire à ses besoins en bois effectue, sur les contreforts de la Lorette, des exploitations intensives et abusives, sans aucune considération culturale ou économique. Les propriétaires réclamèrent. Le général MAISTRE, soucieux de concilier l’intérêt supérieur de la défense et les intérêts particuliers, songea à réglementer les coupes et confia ce travail à la 1ère Compagnie des Chasseurs Forestiers qui, par des opérations bien conduites, assura le maintien des massifs boisés de Verdrel, d’Olhain et Bouvigny, tout en délivrant au 21ème et 33ème Corps tous les bois dont ils avaient un besoin urgent.
Après l’offensive d’Artois, la nécessité d’une organisation défensive plus complète sur le front se faisant sentir, le G.Q.G fit appel, dans une très large mesure, aux ressources forestières du pays. Dans la zone des armées, il créa les services forestiers d’armée (S.F.A), à l’arrière, les exploitations forestières de la D.A (E.F.D.A).
La direction technique de ces services fut confiée à des officiers forestiers qui eurent pour collaborateurs les chasseurs forestiers des compagnies forestières.
La 1ère compagnie détacha tout d’abord un lieutenant et 18 chasseurs à l’E.F.D.A de Roumare (Seine-Inférieure) le 28 Août 1915. A partir de cette date, l’envoi de détachements au S.F.A se succéda sans interruption et la compagnie fut réduite à l’état squelettique. La portion centrale subsistera néanmoins jusqu’au 20 Mai 1919, date à laquelle tous les chasseurs de la compagnie disséminés dans les divers secteurs du front, sont rattachés à la 12ème compagnie des chasseurs forestiers.
Sans avoir eu à remplir une mission militaire de première importance, et cela en raison même de sa destination, la 1ère compagnie des chasseurs forestiers a fait son devoir en toutes circonstances. Le général MAISTRE, au cours de son passage au 21ème Corps, lui en n’a fréquemment témoigné sa vive reconnaissance.
Sur un forum voisin, voici un lien qui cite les sources sur les chasseurs forestiers:
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/forum-pages-histoire/chasseurs-forestiers-sujet_4294_1.htm