dossier de
Lebel86étant donné que beaucoup se demandent si des brodequins civils du début du XXème siècle peuvent convenir pour un poilu de la Grande Guerre, voici quelques éléments de réponse:
Pour mémoire, le brodequin réglementaire à la mobilisation de 1914 est le brodequin modèle 1912, livré en cuir noirci, il ne possède pas de rivet de renfort sur le quartier ni de soufflet à la languette. Comme ses successeurs (modèle 12 modifié 15, modèle 12 modifié 16 et modèle 17), il se reconnaît aisément à son renfort de quartier long.
Le poilu dispose en outre d'un brodequin de repos, en toile cachou renforcé de cuir:
en voici une paire, aux pieds d'un officier du 112 RAL d'Angoulême à la fin de la guerre.
Si le brodequin réglementaire chausse la majorité des soldats, les choix personnels ainsi que les nécessités de la guerre (en période de pénurie notamment), conduisent les hommes à chausser des brodequins civils d'achat personnel.
Cette disposition est prévue par le règlement qui précise que lors de l'incorporation, chaque homme peut fournir une paire, remboursée par l'État sur la base du prix du modèle réglementaire, qui doit "
se rapprocher de la forme réglementaire et de la qualité de matière première". J'ai trouvé dans un livret militaire où étaient détaillés les effets touchés et leur prix, le prix de 8fr10 pour une paire de brodequins réglementaires.
Si le texte préconise un modèle proche du modèle réglo, dans la pratique, on observe une multitude de types, qui se distinguent par le laçage, la fermeture, le cloutage, la matière.....
Un modèle qui rencontre un franc succès auprès des hommes est le brodequin à laçage latéral, fermant par crochet ou œillets:
Le recouvrement offert par ce type de fermeture assure une meilleure étanchéité de la chaussure, ce qui n'est pas un luxe dans la boue, surtout en attendant l'arrivée d'un brodequin réglo muni d'une languette à soufflets.
Les brodequins de style plus simple, fermant le plus souvent par œillets et crochets se rencontrent aussi:
ici avec un bout rapporté.
Porté ici avec des guêtres et une belle culotte en velours côtelé.
Présenté ici à titre anecdotique, cette paire d'espadrille en toile, aux pieds d'un aviateur en tenue de vol en 1915, posant devant le première appareil abattu par Navarre:
Les brodequins civils se distingues aussi par leur cloutage.
Le cloutage réglementaire se distingue par un emplacement dépourvu de clou à l'avant de la semelle.
Voici maintenant des cloutages civils:
Il n'y a donc pas de règle pour les brodequins civils: toutes formes, tout cloutages, tout mode de fermeture....pour peu que cela tiennent les pieds du poilu au sec avec un minimum de confort.