dossier de
les alpins j'ai un peu creusé la piste du bidon d'essais en aluminium afin d'en savoir plus. Je vous livre donc ici le fruit de mes recherches, afin de constituer un petit dossier.
Pour introduire le propos, on peut citer
"la revue d'infanterie" de
1924 (1924/07/01 (A33,N382,VOL65)) :
"à la différence de la plupart des armées étrangères, l'armée française n'avait pas encore adopté, en 1914, l'emploi de l'aluminium pour son matériel de campement et, actuellement encore, l'allégement qui pourrait être obtenu de ce chef est réduit au bidon et au quart. Mais, comme l'aluminium et ses alliages ont, pendant la guerre, reçu de plus en plus d'application (appareils d'aéronautique, fusées d'obus, instruments de toute nature), il est certain que nous sommes à la veille d'une solution. Bref, dès les années 1890/1900, toutes les armées, dont la France, étudient un moyen d'alléger l'équipement du fantassin (la question revient de manière récurente dans toutes les revues militaires spécialisées de l'époque), et à la veille de la guerre, seule la France n'a rien mis effectivement en oeuvre.
Mais ce n'est pas pour cela qu'on n'a rien essayé ! Pour limiter mon propos au seul bidon, la première tentative remonte au bidon de cavalerie modèle 1884. Il est toujours en tôle, mais sa forme et son agencement préfigurent largement le bidon d'infanterie dont il est question ici :
Source :
http://webbingbabel.blogspot.fr/2013/10/french-army-military-canteens-water.html
- Le bidon d'un litre d'infanterie en aluminium
J'ai recherché dans le journal militaire officiel pour la période 1884 à 1912. La dénomination de ce bidon est pour moi "bidon d'essais d'infanterie de 1 litre en aluminium".
Le site de la caverne du Dragon (musée du chemin des dames) a fait un article à son sujet et le dénomme modèle 1892. Je n'en ai trouvé aucune mention nul part (journal officiel militaire, revues d'infanterie, etc....), ni en 1892, ni dans une autre année.
http://www.caverne-du-dragon.com/actualites/objetDuMois.aspx?PRO_CODE=74Ce qui est certain cependant, c'est que lors des grandes manoeuvres du centre en 1908, les fantassins de la 9e Division d'infanterie (4e, 82e, 113e et 131e RI) percoivent un bidon d'essais d'un litre en aluminium qui peut être qualifié de "première version".
La photo, publiée dans le livre de Deckerle et Mirouze "
L'armée française dans la première Guerre Mondiale: Uniformes - Equipements - Armements, tome 1", est connue :
On remarque qu'il conserve du bidon de cavalerie, outre la forme générale, le quart adhérent au bas du bidon maintenu par une sangle en cuir. Par contre il s'en différencie par :
- L'abscence de housse de protection. Il est recouvert d'un peinture anti-reflets noire.
- La présence de 5 canelures sur la partie supérieure du bidon, de chaque côté.
Pour la suite, les textes officiels font défaut, mais il est attesté que :
- Ces essais ne donnent pas suite à une généralisation de ce bidon d'un litre pour le fantassin français.
- De nouveaux bidons d'essais, qu'on pourrait qualifier de "2e version", sont mis en service dans des (tous ?) régiments d'infanterie du 5e corps d'armée (Orléans) : 31e Ri (Melun/Paris), 113e RI (Blois / Romorantin) et 131e Ri (Orléans) sont déjà attestés par la photographie ou les découvertes de matériel attribué, on en découvrira peut-être d'autres ultérieurement.
Pour le 31e Ri, qui concerne ma découverte, je possède cette photo :
Ces bidons "version 2" ont perdu leur sangle en cuir qui soutenait le quart, adhérent à la partie inférieure du bidon.
La photo est datable grâce aux rouleaux d'épaule portés sur la capotes, de la période 1908-1913.
Le 113e RI possède les même bidons :
Deux remarques suite à cette photo :
- Le 113e RI teste également à cette occasion la tenue d'essais dite "de 1908."
- Ce bidon semble de la "version 2", ce qui pourrait laisser à penser que la version 1 et 2 du bidon ont été essayées conccuremment pendant les grandes manoeuvres du Centre de 1908.
j'ai trouvé un seul texte officiel, faisant mention (et encore, indirectement) de l'existance des bidons d'essais d'un litre en aluminium. Le voici, il est daté du 23 mai 1910.
Cela confirme tout de même l'emploi effectif en 1910 dans les régiments d'infanterie du 5e Corps de ces bidons en aluminium.
La guerre arrive en 1914, et très rapidement les pénueries d'équipements et de matériel se font jour. On ne peux rien affirmer chronologiquement parlant, je me bornerai donc à constater que mon jeune Roger Bizieux, de la classe 1916, affecté au 31e RI le 13 avril 1915 en a été doté. le voici :
Bien entendu, dossier à compléter par les vôtre : bidons, photos ou textes réglementaires....
Et à compléter sans hésitation par la lecture des deux dossiers suivants :
post de bothrops atrox
voici un extrait du catalogue de Manufrance des années 1900 :
Comme la quasi totalité des modèles militaires de l'époque, il fut donc, aussi, vendu à une clientèle civile. D’où l'importance des marquages pouvant attester, sans contestation possible, une utilisation militaire.
ce sujet, ouvert par "les alpins", a été, pour moi, l'occasion d'aller farfouiller dans mes stocks de gamelles et bidons et de redécouvrir quelques objets "oubliés".
En voici les tous premiers "exhumés", dont un bidon en aluminium, du type de celui présenté par l'auteur de ce post :
La gamelle fut trouvée dans un dépôt-vente généraliste, avec la poignée du plat :
Mais, dans l'euphorie des retrouvailles, j'ai tendance à m'égarer ! Voici donc, le bidon, objet de cette intervention :
La soudure est disgracieuse, épaisse à souhait, et semble témoigner d'une certaine difficulté à "travailler" ce métal.
Le seul marquage visible est celui-ci :
Il a existé un texte officiel de
1910 précisant la façon dont devaient être marqués les ustensiles en aluminium :
J'en ai rencontré l'évocation à de nombreuses reprises mais j'en ai trouvé le texte ici :
J'ai évoqué plus haut la commercialisation d'ustensiles "règlementaires", normalement dépourvus de marquages, mais je me dois de signaler qu'aucun des ustensiles que j'ai présenté au début de ce message ne comporte de marquage...