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Le grafLES CARTOUCHIERES ALLEMANDES ERSATZ DE LA GRANDE GUERRE
Les cartouchières classiques sont déjà connues par nombres de collectionneurs. Mais les nécessités d’une production en masse et les restrictions de matières premières enfantèrent une grande variété de modèles moins connus que les modèles standards.
En 1909, peu de temps avant la grande guerre, l’Allemagne avait adopté un nouveau modèle de cartouchières pour remplacer le vieux modèle 1895 . La nouvelle cartouchière, d’une contenance de 60 cartouches contre 45 pour la précédente, se présentait sous la forme de trois pochettes distinctes en cuir fauve grenelé. Elle était l’aboutissement d’une étude pour porter l’autonomie du soldat à 150 cartouches, 120 sur les deux cartouchières et 30 coups dans les pochettes latéral du sac à dos. L’autre but était d’éviter au maximum la perte de cartouches lorsque la cartouchière était ouverte.
En 1914, la totalité des régiments d’active en était déjà doté mais une grande partie des régiments de réserve était encore équipées avec l’ancien modèle 1895 . La Landwehr et le Landsturm pour leur part furent le plus souvent dotés d’antiques cartouchières M 1888 de troupe ou M 1887 voire M 1874. Certaines photos d’époque montrent même des éléments du Landsturm équipés avec des cartouchières de Lebel de prise.
La production de guerre se concentrait uniquement sur le modèle 1909 pour les troupes à pied, le modèle 1911 pour la cavalerie et enfin le modèle 1887/88 pour l’artillerie, le génie et le train . Pour accélérer la production, des fabricants remplacèrent certaines coutures par des rivets, malgré cela, la production restait insuffisante.
Après avoir ressorti les modèles d’essai non adoptés, raclé les fonds de tiroir et réutilisé les cartouchières de prise compatibles avec les équipements allemands, il restait encore à équiper une quantité de troupes.
Dès le début de l’automne1914, toutes les branches de l’industrie allemande furent mises à contribution pour l’effort de guerre. Le ministère de la guerre accepta provisoirement la fabrication de cartouchières de circonstance pour rattraper le retard dans les distributions. Ces cartouchières pour la majeur partie étaient réalisées en cuir de très bonne qualité mais la fabrication était simplifiée à l’extrême. Partout où cela était possible, la couture était remplacée par des rivets de toutes provenances ( laiton, acier et même acier chromé ). Trois types principaux ont été recensés :
- un modèle du type 1887/88 pour y loger quatre lame-chargeur de 5 cartouches, se fermant par une patte de cuir unique sur le devant, avec passants de ceinturon fixes et rivets en acier peint:
- un modèle du type 1895 pour trois boites de 15 cartouches se fermant de la même manière que la précédente, passants de ceinturon mobiles et rivets en laiton ou acier du type classique aux équipements en cuir. Ce modèle a la particularité de n’avoir aucune couture, le couvercle et le compartiment central étant réalisés d’une seule pièce pliée et rivetée:
- un modèle entre la 1889 de troupe et la 1895 pour 2 boites uniquement avec passants fixes et rivets en acier chromé:
Ces différentes cartouchières ont été utilisées dans des unités d’active comme en témoigne les tampons retrouvés ainsi que les photos d’époque. Des cartouchières similaires mais en tôle furent livrées au XIII corps d’armée wurtembergeois au début de l’hiver 1914, seules les pattes de fermeture étaient en cuir. Le passant de ceinturon était en tôle. Mais le poids à vide important était déjà un handicap et la fabrication fut rapidement arrêtée.
Parallèlement à ces fabrications grossières, il y eut des fabrications ersatz sur le modèle 1909. Les différentes matières répertoriées sont les
suivantes :
- divers modèles en cuir de récupération de toute sorte et de toutes teintes.
- toile forte de teintes diverses, rigidifiée avec du carton ou du cuir avec passants de ceinturon en cuir.
- toile forte feldgrau non rigidifiée et passants en toile.
- feutre rigide feldgrau et passants en cuir.
- carton brun riveté et passants en cuir.
- tôle fine ondulée peinte en feldgrau, modèle réalisé par BING à Nuremberg.
Modèle d’essai du type 1909 d’avant guerre en cuir lisse teinté en feldgrau, solution adoptée par les Italiens pour leurs équipements en cuir. Cette cartouchière a été réceptionnée en 1913 par le magasin d’habillement du corps de la Garde.
Autre modèle de cartouchière 1909 d’essai réalisé ici avec du cuir rugueux et non lisse. Toutefois, le cuir ici semble être d’une qualité plus fine que le modèle précédent.
Modèle de cartouchière 1909 d’essai, réalisée en 1914, quasi identique à la précédente sinon que la couleur feldgrau et obtenue ici non pas par un traitement de surface mais par une peinture avant assemblage.
Cartouchière 1909 avec les compartiments principaux et la partie arrière en cuir teinté blanc. La teinte blanche, qui n’est pas une simple peinture, a été appliquée avant l’assemblage de la cartouchière. Ici il est impossible de déterminer (elle n’est pas datée) si cette cartouchière est un ersatz réalisé avec du cuir de récupération ou si il s’agit d’un modèle d’essai particulier. L’ensemble est de très bonne facture comparable aux fabrications d’avant guerre et les accessoires métalliques sont en laiton. Toutefois, aux vues des gouttes laiton de fermeture encore de dimensions réduites, cette cartouchière a été réalisée avant mars 1915.
Cartouchière 1909 réalisée en forte toile écrue et couvercles rigidifiés avec un ourlet en cuir. Seuls les passants de ceinturon et sangles de fermeture sont en cuir. La face arrière est rigidifiée intérieurement avec du carton.
Ersatz de la 1909 en feutre feldgrau. Les cuirs visibles sur l’avant ont été peints en feldgrau. Ceux de l’arrière étant resté fauve. Du fait de la grande fragilité du feutre, cette cartouchière possède des dimensions un peu supérieures aux autres modèles de cartouchières afin d’éviter de forcer la mise en place des clips. La durée de vie d’une telle cartouchière sur le front ne devait pas excéder le mois.
Tous ces modèles sur la base de la cartouchière M 1909 étaient dans l’ensemble moins solide que le modèle cuir à l’exception du modèle tôle qui, de part sa trop grande rigidité, gênait beaucoup le fantassin dans la position du tireur couché.
La durée de vie d’une cartouchière M 1909 était de 10 ans en temps de paix et de 2 ans en temps de guerre. Les modèles ersatz avaient quant à eux une durée de vie de moins d’un an. C’est pourquoi, à partir de l’été 1916, la très grande majorité des cartouchières ersatz furent retirées du front et distribuées soit aux troupes de l’arrière soit aux unités en cours d’instruction.
Il est à noter que certaines cartouchières M 1909 et M 1911 de cavalerie de fabrication 1918 furent réalisées en deux couches de cuir fauve lisse et non grenelé avec rivets et anneau en acier ou aluminium. Ce ne sont pas à proprement parler des ersatz mais une simplification du traitement du cuir.
Cartouchière 1909 de fabrication 1918 réalisée en deux couches de cuir fin et lisse. Les accessoires métalliques sont généralement en acier, parfois en aluminium.
Pour finir, même sur les ersatz les plus bizarres, on peut rencontrer des marquages de fabricants, des tampons de réception du magasin d’habillement et/ou du régiment. Cela nous permet de voir que les régiments d’élites de la garde n’étaient pas mieux lotis que de simples régiments de ligne.
Cette liste n’a pas la prétention d’être exhaustive mais donne une bonne vue d’ensemble des différentes cartouchières ersatz utilisées par l’armée impériale entre 1914 et 1918.
1916. Deux jeunes pionniers en fin d’instruction. Le pionnier de gauche porte une paire de cartouchières ersatz pour trois boites de cartouches tandis que celui de droite est équipé avec d’ancienne cartouchière M 1888.