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youloveme82Je continue mes articles sur les monuments de la bataille de la Somme. Voici l’un des mémoriaux les plus importants de la région : le monument Terre-Neuvien de Beaumont-Hamel. Les informations de ce post viennent du site canadien des anciens combattants.
Des cinq monuments commémoratifs érigés en France et en Belgique en hommage aux exploits du 1er Bataillon du Newfoundland Regiment, le plus imposant est le site de trente hectares à Beaumont-Hamel, neuf kilomètres au nord de la ville d'Albert. Ce site commémore tous les Terre-Neuviens qui ont pris part à la Première Guerre mondiale, particulièrement ceux n'ayant pas de tombe connue. Le site a été officiellement inauguré par le feld-maréchal Earl Haig le 7 juin 1925.
Sur un monticule, entouré de pierres et d'arbustes indigènes de Terre-Neuve, se dresse le bronze d'un fier caribou, l'emblème du Newfoundland Regiment. Érigé à proximité de l'abri de l'état-major de la 88e Brigade, dont faisait partie le 1er Bataillon du Newfoundland Regiment, le noble caribou fait face aux anciennes positions ennemies, surplombant les tranchées et le terrain que le bataillon a franchis le 1er juillet 1916. Sur trois plaques de bronze à la base du monticule sont inscrits les noms des 820 membres du Royal Newfoundland Regiment, de la Newfoundland Royal Naval Reserve et de la marine marchande qui ont donné leur vie au cours de la Première Guerre mondiale et qui n'ont pas de tombe connue. [Signalons que plusieurs d'entre eux ont depuis été retrouvés et ensevelis dans des cimetières de la Commonwealth War Graves Commission.]
À Beaumont-Hamel, la 29th British Division, avec ses trois brigades d'infanterie, la 86e, la 87e et la 88e, était aux prises avec des défenses particulièrement redoutables, tenues de pied ferme par les troupes expérimentées du 119th (Reserve) Infantry Regiment [soit une partie de la 26e Division de Wurttemberg (de réserve)], qui composaient cette partie de la ligne depuis près de vingt mois. On s'attendait néanmoins, avec une certaine assurance, à ce que le bombardement d'artillerie entame considérablement les défenses et le moral des Allemands. En réalité, bien que les tranchées aient subi des ravages considérables, en de nombreux endroits, le fil barbelé était demeuré relativement intact. Plus particulièrement, les défenseurs, à couvert dans de profonds abris, étaient en grande partie indemnes.
Selon le plan de bataille, les quatre bataillons des 86e et 87e Brigades chargés de l'assaut initial s'avançaient vers les barbelés allemands à 7 h 30 - l'heure déterminée. De concert avec l'avance de l'infanterie, le bombardement d'artillerie lourde et moyenne devait porter contre d'autres cibles pour ne retenir qu'un tir de shrapnel et de mortier sur les positions avant de l'ennemi. Donc, comme l'infanterie d'assaut sortait de ses tranchées pour parvenir au fil allemand avant que les Allemands donnent l'assaut, une puissante mine ayant une charge de 18 500 kg a explosé à 7 h 20 sous une place forte allemande sur la crête Hawthorn (juste au nord du ravin en Y). Le but était de détruire une importante place forte ennemie, de saisir la bordure du cratère et de dominer les tranchées ennemies. Toutefois, la riposte allemande a été tellement vive que les troupes du 2e Régiment de fusiliers de la 86e Brigade, désignées pour prendre le cratère, ont été contraintes de défendre leur vie, incapables d'assurer le soutien prévu.
Malheureusement, la mise à feu de la mine a averti les Allemands de l'imminence probable de l'attaque, de sorte que les troupes du 119th (Reserve) Infantry Regiment, sortant de leurs abris, se sont déployées dans la ligne de feu, à peine gênées par le barrage au shrapnel de l'artillerie de campagne. Les bataillons qui s'avançaient pour donner l'assaut, et qui étaient à peine engagés en terrain neutre, ont subi les tirs d'armes légères bien ciblés des carabiniers et des mitrailleurs. En même temps, l'artillerie allemande, ayant relativement échappé au contre-feu en batterie des Britanniques, a dirigé un barrage intensif vers les troupes qui avançaient ainsi que vers les lignes et les communications britanniques. Conjuguée à la dévastation en terrain neutre, cette attaque a eu pour effet de frapper les bataillons suivants, de créer des ravages dans les tranchées et de quasi paralyser les déplacements dans les tranchées des communications. Pour les bataillons pris dans le No Man's Land lorsqu'ils avançaient vers leurs positions prévues pour donner l'assaut, la situation s'est aggravée à 7 h 30 lorsque le barrage au shrapnel a soulevé 100 verges (90 m) de la ligne allemande pour continuer à soulever 100 verges aux deux minutes vers les deuxième et troisième lignes allemandes. Sauf pour le flanc droit, que des éléments du 1er Inniskillings ont réussi à pénétrer de la 1re à la 3e lignes allemandes, l'assaut initial s'est effondré au fil allemand ou à proximité.
Le plan prévoyait que la seconde vague de l'attaque (les deux autres bataillons de chaque brigade d'assaut) s'éloignerait de la ligne avant britannique à 7 h 30 lorsque les bataillons d'assaut atteindraient le fil allemand. Sur le flanc gauche, ceux de la 86e Brigade ont été retardés par le barrage défensif allemand « et ce n'est qu'à 7 h 55 qu'ils se sont mis en marche ». Sur le flanc droit, qui comprenait la zone maintenant occupée par le site commémoratif et une partie du redan Mary juste au sud, selon le Journal de guerre de la 87e Brigade : « Le 1er régiment du King's Own Scottish Borderers (KOSB) et le 1er Border Regiment sont sortis de leurs tranchées de regroupement vers 7 h 35 et, avançant sous le feu très nourri des mitrailleurs, n'ont pas réussi à rejoindre les bataillons de tête si ce n'est les sections de tête du 1er Border Regiment qui se sont rendues jusqu'au fil allemand ».
Au quartier général divisionnaire, le commandant (le major général Beauvoir de Lisle) et son personnel tentaient de déchiffrer les nombreux messages confus en provenance des postes d'observation, des avions de combat et des deux brigades de tête. Selon les indications, des troupes avaient enfoncé et dépassé la première ligne allemande. Le commandant a donc ordonné à la 88e Brigade, qui se tenait en réserve, de faire avancer deux bataillons pour soutenir « l'attaque droite ». À 8 h 45, le 1er Newfoundland et le 1er Essex ont reçu l'ordre d'avancer indépendamment l'un de l'autre, d'occuper la première tranchée ennemie et de dégager vers l'avant jusqu'à la route de la station (derrière la 3e ligne de l'ennemi).
Selon le plan initial, les Terre-Neuviens (et le 1er Essex) devaient avancer vers 10 h, percer les troupes des brigades ayant donné l'assaut initial et prendre le troisième objectif « les tranchées de la troisième ligne ennemie sur la crête de GRANDCOURT ». Mais, selon le récit qu'en fait le Journal de guerre des Terre-Neuviens, voici les instructions qu'ils ont reçu : - « 0845 -Reçu par téléphone ordres d'avancer avec le 1er Essex Regt et d'occuper la première tranchée ennemie - notre objectif se situant entre le point 89 et juste au nord du point 60 - et d'avancer vers la route de la station, déblayant les tranchées ennemies - et de procéder aussi rapidement que possible. Avons demandé à la Brigade si la 1re tranchée de l'ennemi avait été prise et avons obtenu une réponse négative : la situation ne s'était pas redressée. Avons demandé à la Brigade si nous devions passer à l'attaque sans tenir compte du Essex Regt et on nous a répondu par l'affirmative. »
Les Terre-Neuviens se trouvaient sur St. John's Road, une tranchée d'appui, 200 mètres derrière la ligne avant britannique et hors de la vue de l'ennemi. Comme les tranchées de communication étaient jonchées de cadavres et de blessés et étaient la cible d'un tir d'obus, le chef du bataillon, le lieutenant-colonel Hadow, a décidé de prendre immédiatement la formation d'attaque et d'avancer. Sur le flanc droit, le Essex Regiment était visible des positions allemandes à Thiepval de sorte qu'il a été obligé d'avancer dans les tranchées encombrées; il a pris sa position à 10 h 50 seulement. Les Terre-Neuviens étaient laissés à eux-mêmes, appuyés seulement par des tirs au mortier et à la mitrailleuse.
Les Terre-Neuviens ont commencé à avancer à 9 h 15, se déplaçant selon la formation qu'ils avaient répétée, les compagnies A et B en tête de lignes de pelotons en une colonne ou en une seule file à intervalles de quarante pas et de vingt-cinq pas entre les sections, suivies cent verges plus loin par les compagnies C et D en une formation semblable. Quand ils ont atteint la ligne d'horizon derrière la première ligne britannique, ils étaient effectivement les seules troupes à se déplacer sur le champ de bataille et ils ont subi de plein fouet toute la colère du 119th (Reserve) Infantry Regiment qui tenait les positions devant ainsi que le feu de l'artillerie allemande.
Nombreux sont ceux qui sont tombés avant de traverser la ligne britannique. Un plus grand nombre ont été frappés en se frayant un chemin dans les ouvertures des barbelés britanniques. Faisant preuve d'un courage exemplaire, les survivants ont repris leurs formations d'assaut du mieux qu'ils le pouvaient et, « le menton rentré comme s'ils marchaient dans un blizzard », ils ont continué jusqu'à la ligne allemande environ 400 mètres plus loin. À mi-chemin en descendant la pente, un arbre isolé marquait une zone où le feu ennemi était particulièrement concentré. Une représentation du squelette tordu de cet arbre appelé « l'arbre du danger » s'élève maintenant à l'endroit où tant d'hommes sont tombés en ce jour tragique de juillet.
À 9 h 45, le lieutenant-colonel Hadow, qui avait assisté à la destruction d'une bonne partie du bataillon depuis son état-major à Sap 4, a informé le commandant de brigade (basé dans un abri tout près) que l'offensive avait échoué. De quinze à vingt minutes après avoir quitté la tranchée de St. John's Road, environ 85 % de ceux qui s'étaient élancés vers l'avant étaient morts, mourants ou blessés. Un seul autre bataillon (le 10e West Yorks à Fricourt) a subi de plus lourdes pertes le 1er juillet 1916. Toutefois, pour de nombreux hommes, c'était loin d'être terminé. Des survivants isolés ont continué à charger les Allemands depuis le No Man's Land, et environ quarante hommes, sous le commandement d'un certain capitaine G.E. Malcolm du 1er KOSB, ont tenté de poursuivre l'attaque, mais ils ont été contenus juste avant la ligne ennemie. Sur cet incident, le capitaine Malcolm, qui avait été blessé, a affirmé plus tard : « Je souhaite féliciter le Newfoundland Regiment pour sa formidable constance en de pénibles circonstances. »
La tragédie n'était pas terminée pour le 1er Essex. Ces hommes avaient à peine pris leur position que le commandant divisionnaire a ordonné de mettre fin aux attaques. Cependant, vu les nombreuses difficultés auxquelles se heurtaient les communications, ils n'ont pas reçu le message. Les deux compagnies de tête ont tenté d'avancer et ont subi environ 250 pertes avant que leur commandant ne fasse halte.
Seuls quelques blessés gisant dans le No Man's Land ont pu tenter de se mettre à l'abri avant la tombée de la nuit, et bon nombre sont morts là où ils gisaient ou ont par la suite rendu l'âme sous le tir d'artillerie ou celui des carabiniers ennemis vigilants et des mitrailleurs. Plusieurs blessés n'ont été récupérés que quatre nuits plus tard. Entre-temps, les restes du bataillon ainsi que la réserve, qui avait été retenue, ont continué de tenir une partie de la ligne face aux contre-attaques allemandes prévues jusqu'à ce qu'on les relève le 6 juillet, subissant d'autres pertes dans l'intervalle, notamment celle de quatre officiers l'après-midi du 1er juillet. Lorsque la force de combat du bataillon a abandonné la ligne le 6 juillet pour aller se loger à Engelbelmer, elle comptait 168 membres non officiers. C'est là que, le 7 juillet, le lieutenant O.W. Steele a été blessé par des tirs d'obus; il est mort le lendemain.
Les Terre-Neuviens ont occupé la ligne de nouveau du 14 au 17 juillet, avec une force alors composée de onze officiers et de 260 carabiniers. Le 27 juillet, avec le reste de la Division, ils ont pris le train pour aller se loger à Candas, le bataillon comptant alors 554 hommes.
Les pertes subies le premier jour de la bataille de la Somme totalisaient 57 470 hommes, et 19 240 ont été fatales. Le 30 juin 1916, le nombre de rationnaires du Newfoundland Regiment Battalion s'élevait à 1 044, tous grades confondus, y compris le personnel administratif et temporaire. La force de combat réelle comprenait 929 hommes, tous grades confondus, dont vingt-six officiers et 772 sous-officiers et militaires du rang déployés dans les tranchées. Un autre groupe composé d'un officier et de trente-trois sous-officiers et militaires du rang était rattaché aux compagnies de tir au mortier et à la mitrailleuse de la Brigade, tandis que quatorze officiers et quatre-vingt-trois sous-officiers et militaires du rang étaient retenus comme réserve et pour exercer des fonctions particulières.
Pour autant que nous le sachions, 22 officiers et 758 sous-officiers et militaires du rang ont participé directement à l'offensive. De ce nombre, tous les officiers et un peu moins de 658 sous-officiers et militaires du rang sont à porter au nombre des pertes, mais les données exactes ne sont pas disponibles, car les pertes signalées sont celles de toute la journée. Sur les 780 hommes qui ont poursuivi, seuls 110 environ ont survécu indemnes, dont à peine soixante-huit ont répondu à l'appel le lendemain. Le 7 juillet, le Journal de guerre du bataillon précise que le 1er juillet, les pertes totales subies par le bataillon étaient de quatorze officiers et de 296 sous-officiers et militaires du rang tués, décédés des suites de leurs blessures ou manquants et jugés morts et que 12 officiers et 362 sous-officiers et militaires du rang étaient blessés pour un total de 684 hommes, tous grades confondus, sur une force de combat d'environ 929 hommes. Environ 14 blessés ont par la suite succombé à leurs blessures. Voici ce que le commandant divisionnaire a écrit plus tard au sujet de l'effort des Terre-Neuviens : « Ce fut un magnifique exemple de vaillance exercée et disciplinée, et son offensive a échoué parce que des hommes morts ne peuvent plus avancer. »