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Bonjour à tous,
voici un article sur la Croix Rouge française et les hopitaux auxiliaires en dans l'arrondissement de Valenciennes en 1914-1915.
ces textes sont extraits du livre de Gabriel PIENARD, La Croix-Rouge Française dans l'arrondissement de Valenciennes de 1870 à nos jours, 1963
La guerre éclate le 2 aout 1914. Le 20, tout le personnel bénévole est en place et certains ont envoyé leurs enfants loin de Valenciennes pour se consacrer uniquement à leur tâche.
Le 20 aout le 127e de ligne reçoit le bapteme du feu à Charleroi.
Le 24 aout, les premiers blessés sont accueillis au Collège Notre-Dame et au lycée de jeunes filles. Ils proviennes du 26e territorial en contact avec des avant-gardes de l'armée Von Kluck qui repousse les anglais arrivé le 22 aout dans la région de Valenciennes-Mons. Il y a aussi des douaniers.
Le 25, les masses allemandes franchissent la frontière. La cité est occupée. le maire, le docteur Tauchon a fait placarder le matin même un appel au calme pour enrayer la panique qui s'est emparée de la population à la vue des réfugiés belges.
Les Allemands brûlent vifs deux gendarmes et un jeune homme à Crespin, dix-neuf civils à Quérenaing, onze à Raismes. Ils pillent et incendient de nombreuses demeures, notamment le château de M. Paul Maurice à Vicoigne.
Le comité de la croix rouge décide de se réunir tous les jours pour prendre les décisions qui s'imposent en ces heures tragiques.
Bientôt des blessés anglais viennent s'ajouter aux Français. Les Allemands confient aussi les leurs à la Croix-Rouge.
Le 26 aôut ils exigent que des soins soient donnés à 800 éclopés. Leurs unités poussent sur Paris à marche forcée.
ce jour-là, le Comité prend la responsabilité d'incorporer dans son service d'ambulance, trois médecines militaires et des infirmiers du 26e territorial afin de leur éviter la captivité.
Ils apportent une aide précieuse aux docteurs Mariage, Delerra, Bonneil, Petit, Wacquez et Cohen, assistés des pharmaciens Beck, Chesnel, Hédot et Membré et d'infirmiers civils tels M. Edmond VAndeville et M. MAurice BAuchond.
Les combats retardataires livrés à Haspres, Vendegies-sur-Ecaillon et Iwuy par les territoriaux amènent de nouveaux blessés. Le colonel Bernard qui les commande trouve la mort en cette commune.
La résistance de la place forte de Maubeuge prend fin après 9 jours de siège. Sur la demande du président Paul Dupont au Commandant Kintzel qui vient de prendre ses fonctions à la Kommandantur de Valenciennes, M. René Delame qui dispose d'une voiture obtient l'autorisation d'aller chercher les blessés française et alliés restés dans les villages environnants. M. Delame entre en rapport avec Mlle Thuliez qui a recueilli plusieurs anglais et lui conseille de ne pas garder chez elle les plus valides. Ceux-ci sont regroupés au coeur de la forêt de Mormal.
Au total, 716 blessés sont pris en charge par le Comité de Valenciennes. En dépit des soins qui leur sont donnés, 19 Français, 9 Anglais et 12 Allemands succombent de leurs blessures.
De son côté, l'occupant installe un hopital au lycée Wallon et réquisitionne l'Institution Sta Marie pour y loger 35 diaconesses infirmières. L'annexe militaire de l'Hospice général de blessés français et allemands soignés par le service médical resté à son poste et par des religieuses ayant pour aumônier l'abbé Dudant.
Le Docteur Isambert de Condé dirige l'ambulance qui avait été prévue dans cette ville. Celles de Raismes qui a soigné quelques blessés civils est bientôt réquisitionnée par les Allemands.
A mesure que les blessés sont rétablis, une commission les achemine sur l'Allemagne. Les autres peuvent recevoir des visites le jeudi et dimanche, s'occupent avec des jeux de société...
Avant la prise de Lille, le Comité de Valenciennes prend le risque de laisser quelques blessés, à peine convalescents, rejoindre les lignes françaises.
Chaque fois qu'il y à décès dans l'un des hôpitaux, un service funèbre est célébré dans la chapelle du collège Notre-Dame pour les catholiques ou dans une chambre mortuaire pour les protestants et anglicans.
Les convois sont accompagnés par une délégation de membres de la Croix-Rouge ou de personnes de la ville.
Quand les Allemands s'emparent des hôpitaux, le Comité n'est plus prévenu de l'enterrement des soldats français ou alliés mais une Belge, Mlle Marie Normand, qui habite 21 rue de Mons, chaque fois qu'elle voit passer le cercueil, s'empresse de suivre le corbillard. Elle accomplira 650 fois cette tâche jusque la fin de la guerre et veilla à l'entretien des tombes.
La Duchesse de Croy-Dulmen, qui possède le château de l'Ermitage dans le bois de Bonsecours, avait donné ordre à son régisseur de le transformer en ambulance et avait pris a sa charge tous les frais. Le 4 octobre 1914, le médecin militaire Carpentier qui dirige l'ambulance de l'Ermitage est emmené en captivité avec ses infirmiers contrairement à l'engagement pris par les Allemands de laisser ceux-ci rejoindre leur corps.
Le Docteur isambert de Condé reste seul pour accueillir dans le collège de cette ville des blessés du 7e territorial venant de Lesquin. Il donne soin au total à 29 soldats français et 14 allemands, dont un officier aviateur à partir du 19 août jusque fin octobre.
En décembre 1914, l'Ermitage est devenu un sanatorium pour officiers allemands.
Le 5 janvier 1915, l'ambulance de Denain est fermée. Les derniers blessés sont regroupés dans les hôpitaux de Valenciennes.
Des blessés du front d'Arras arrivent les pieds gelés et atteints de gangrène, puis au printemps ce sont des britanniques.
A la mi-février, le Comité de la Croix-Rouge est sur le point d'avoir épuisé toutes ses ressources, aussi fait-il appel à la Municipalité afin de retarder au maximum le moment où les Allemands mettront la haute main sur les hôpitaux. Le docteur Tauchon donne son accord pour que la ville en supporte la charge financière.
le premier soldat français mort de ses blessures est inhumé trois jours après l'invasion. Un piquet d'honneur allemand encadre le cercueil recouvert d'un drapeau tricolore. Après la cérémonie religieuse, ce détachement tire trois salves et son chef dépose une couronne en prononçant ces mots : "Au nom du Lieutenant-Colonel Kintzel, Commandant de place, je dépose c ette couronne sur la tombe d'un vaillant soldat français". Puis d'une voix grave, les soldats chantent en allemand une complainte.
Lors des funérailles du soldat Marcel Dorizon, territorial blessé le 25 aout à Haspres d'une balle à la colonne vertébrale. Totalement paralysé, le dos à vif il s'est éteint après huit mois de souffrance. Ce modeste ouvrier originaire de la Sarthe laisse une femme et six enfants.
Le Commandant de place prévenu du décès à tenu à compléter le piquet d'honneur par une section de musiciens. Il se range d'office en tête du cortège aux côtés du Maire, du président de la Croix-Rouge (M. Paul Dupont) et de ses vices-président (MM. Achille Lajoie et Henri Mabille de Poncheville.
Apres les trois salves habituelles, l'aumonier allemand prononce une allocution empreinte de charité chrétienne.
Le 15 mai 1915, Mlle Rozier, directrice de l'hopital installé au Lycée de Jeunes Filles, reçoit avis que tous les médecins, infirmières et infirmiers seront remplacés le lendemain matin par du personnel allemand.
Toute la nuit est consacrée à transférer au Collège Notre-Dame des poussettes chargées de provisions et médicaments.
Une démarche est tentée à la Kommandantur invoquant la Convention de Genève pour ne pas abandonner les blessés à d'autres mains que la Croix-Rouge locale, elle se heurte à un refus formel.
Le lendemain, un colosse le médecin major Coppenhague se présente, fort gêné, aux membres du Comité réunis au complet. Il s'excuse d'agir par ordre, passe la visite de chaque blessé avec le docteur Mariage et annonce qu'il attend à Valenciennes de nombreux blessés français et anglais en raison de l'offensive qui se déroule en Artois.
EN novemvre 1915, l'autorité occupante prend possession du Collège Notre-Dame.
Le rôle du Comité est achevé dans ce domaine. Le 29 novembre il remercie le personnel hospitalier.