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jupiterParmi les soldats, mort pour la france, il y avait des auteurs , des poetes,.....
Henri-Alban Fournier naît le 3 octobre 1886 à la Chapelle-d'Angillon, dans le Cher. Son père, instituteur, est nommé à l'école d'Epineuil-le-Fleuriel en 1891 et Henri en sera son élève jusqu'en 1898, avant d'entrer en sixième au lycée Voltaire à Paris. En 1901, Henri-Alban Fournier, qui songe alors à devenir marin, poursuit ses études de seconde au lycée de Brest dans le but d'entrer à l'École Navale. Mais, il renonce rapidement à ce projet et rejoint finalement, à la fin de l'année 1902, le lycée de Bourges afin d'y passer son baccalauréat qu'il obtiendra six mois plus tard.
A la rentrée 1903, l'adolescent s'inscrit au lycée Lakanal de Sceaux afin de préparer le concours d'entrée à l'École Normale Supérieure. Il y fait la rencontre de Jacques Rivière, qui deviendra son meilleur ami (leurs correspondances, l'une des plus belles de la littérature française, seront publiées entre 1926 et 1928) puis son beau-frère lorsqu'en 1909 il épousera Isabelle Fournier, la soeur cadette d'Henri-Alban. En 1906, Fournier échoue dans ses projets scolaires. Il tente alors, l'année suivante, une ultime année de Khâgne, au lycée Louis Le Grand mais encore une fois, il échoue au concours d'entrée à l'Ecole Normale Supérieure.
C'est durant cette vie de lycéen que se déroule un événement qui sera déterminant dans la vie sentimentale et littéraire d'Alain Fournier ; en effet, le 1er juin 1905, en sortant du Grand Palais, il croise une jeune fille d'une grande beauté qu'il suit à distance jusqu'à son domicile, boulevard Saint Germain. Revenu sur les lieux, le 11 juin suivant, il l'accoste cette fois-ci dans la rue et lui murmure : "Vous êtes belle". Yvonne de Quiévrecourt ne répond pas à ses avances et s'en va vers l'église de Saint-Germain des Près, où elle assiste à la messe. Après la cérémonie, les deux jeunes gens ont enfin une longue conversation au terme de laquelle Yvonne lui avoue qu'elle est fiancée et que son destin est maintenant tracé. Yvonne de Quiévrecourt qui deviendra Yvonne de Galais dans le Grand Meaulnes se marie en 1907.
L'année suivante, Henri-Alban Fournier effectue son service militaire. Après avoir suivi le peloton des élèves-officiers à Laval, il est affecté au 88e R.I., à Mirande, dans le Gers, avec le grade de sous-lieutenant. Hanté par le souvenir d'Yvonne, il rédige alors quelques poèmes et essais, ses premiers pas dans la littérature, qui seront publiés à titre posthume par son ami Jacques Rivière sous le titre Miracles (1924). Son service militaire achevé, Henri-Alban Fournier trouve à s'employer au mois d'avril 1910 en tant que journaliste à Paris-Journal et y rédige de façon régulière un " courrier littéraire ". Au même moment commence une liaison avec Jeanne Bruneau, une modiste de la rue Chanoinesse rencontrée autrefois à Bourges, qui durera jusqu'en avril 1912. Celle-ci inspirera vraisemblablement le rôle de Valentine dans le Grand Meaulnes.
C'est durant cette période que Fournier, installé rue Cassini, entreprend la rédaction d'un roman autobiographique, Le Grand Meaulnes. En 1912, il quitte la rédaction du quotidien parisien pour entrer, grâce à Charles Péguy, au service de Claude Casimir-Perier, fils d'un ancien Président de la République. Le jeune homme entame alors une liaison orageuse avec l'épouse de l'homme politique, l'actrice Pauline Benda, plus connue dans les milieux artistiques de la capitale sous le pseudonyme de Madame Simone.
En février 1913, Henri-Alban Fournier obtient pour la dernière fois une entrevue avec Yvonne de Quiévrecourt (mariée Vaugrigneuse), son amour de jeunesse, maintenant mère de deux enfants. De juillet à novembre 1913, La Nouvelle Revue française commence la publication de son oeuvre romanesque, Le Grand Meaulnes, achevée au début de l'année. Elle paraît ensuite en volume (1913) chez l'éditeur Émile-Paul, l'écrivain ayant pris à cette occasion le nom d'Alain-Fournier. Sélectionné pour le prix Goncourt, Le Grand Meaulnes manque de peu le prestigieux prix littéraire, l'honneur revenant à Marc Elder et au Peuple de la Mer. Au début de l'année 1914, Alain-Fournier entame l'écriture d'une pièce de théâtre, la Maison dans la forêt, et d'un nouveau roman, Colombe Blanchet. Ces deux dernières oeuvres demeureront inachevées.
En effet, l'écrivain est mobilisé dès la déclaration de guerre, au mois d'août 1914. Il rejoint alors le front comme lieutenant d'infanterie avec le régiment de réserve de Mirande, le 288e R.I. Le 22 septembre suivant, après quelques semaines de combat, Alain-Fournier est tué au sud de Verdun, dans les Hauts de Meuse. Porté disparu avec vingt de ses compagnons d'armes, son corps est découvert en 1991 dans une fosse commune où les soldats allemands l'avaient enterré. En 1992, les 21 corps de fantassins du 288e RI exhumés du bois de Saint-Rémy dont celui de l'écrivain Alain-Fournier sont regroupés. Henri-Alban Fournier est maintenant inhumé dans la nécropole nationale de Saint-Remy-la-Calonne, dans la Meuse.
Voici la dernière lettre (une carte en réalité) écrite par Alain-Fournier à sa soeur Isabelle, le 11 septembre 1914
"Je reçois bien tes lettres, ma chère petite Isabelle. Certaines me sont même parvenues au milieu du combat. Je suis en excellente santé. J'espère me rapprocher de Jacques avant peu. Je suis maintenant attaché à l'état-major à cheval. J'ai grande confiance dans l'issue de la guerre. Priez Dieu pour nous tous. Et ayez confiance aussi. Longuement, tendrement, je te serre avec ta Jacqueline dans mes Bras.Ton frère,
Henri"
Extrait du livre " L'Enigme Alain Fournier"
http://www.truffiere.org/stremy.htmlLe 2 mai 1991 Jean Louis décèle la fosse collective après quatorze ans de recherches initiées par Michel Algrain...
« Enfin, le dénouement survient le 2 mai 1991 à 13 heures 10 très précises. Vers 11 heures je prends mon véhicule et me dirige vers Saint-Rémy-la-Calonne après avoir traversé le joli village de Vaux-les-Palameix. Au carrefour de la Grande Tranchée de Calonne, face au monument érigé à la mémoire de l'écrivain que nous recherchons, je prends à droite, en empruntant la Calonne direction Hattonchâtel. A la hauteur du chemin dit des "Hautes Ornières" je m'engage à gauche dans le chemin qui mène à Dommartin-la-Montagne. Arrivé aux sapins Godfrin je prends mon détecteur de métaux et, après environ une demi heure de prospection, je découvre dans le fossé de limite, non loin du point J, un étui de fusil Lebel, puis un deuxième, puis un troisième, en tout une vingtaine d'étuis français. Je me mets alors à la place du sergent Baqué en revivant son récit :
« Soudain une fusillade crépite derrière nous, le fossé de la lisière du bois nous offre un abri favorable d'où nous essayons de comprendre ce qui arrive... Combien de temps dure l'attente ? Une minute, deux peut-être, nous n'avons pas d'autre solution que de leur passer sur le corps si nous le pouvons !... "Baïonnette au canon ! crie le Capitaine, en avant !" ».Avec mon détecteur, je fais le même parcours et trouve toujours des étuis français épars, souvent près d'une ancienne souche d'arbre. De chaque étui retrouvé je balise l'endroit, pour retrouver la trajectoire, ou plus exactement l'angle de progression pris par les Français lors de leur contre-attaque en direction de la Tranchée de Calonne.
D'après les tirs effectués la direction s'incline vers la gauche. Tout à coup, je découvre des munitions françaises non tirées, ce qui signifie la présence de tués, dans ce secteur. Je repense tout de suite au récit de Baqué :
« Une fois debout, j'aperçois l'ennemi à genoux dans un fossé recreusé qui sépare un taillis de la clairière dans laquelle nous sommes. Tandis que je bondis, mon oeil note tel ou tel camarade qui sans un autre mouvement, laisse tomber son fusil et s'écrase sur le sol, la face en avant... L'ennemi est à quarante mètres, nous nous arrêtons. Je trouve l'abri, derrière un hêtre, deux camarades s'approchent du même hêtre, tous deux s'écroulent, sur mon dos, sur mes pieds. Ce que je pense, 'Ils' me gênent pour tirer, changer de place, les balles passent trop près, j'entends une voix éperdue, crier 'maman', c'est le sous-lieutenant Imbert, probablement blessé à mort, je vois le capitaine de Gramont, tirer à coup de revolver sur les casques à pointe, il ne crie plus, il doit être touché. Je n'entends plus les coups de revolver que tirait à trois mètres de moi le lieutenant Fournier; je cherche mon chef, il gît à terre sans bouger. Je tire toujours sur la crête qui borde le fossé car je ne vois plus les Boches ».Avec mon détecteur je continue à progresser sur la gauche et à une quarantaine de mètres du fossé de limite, je découvre tout à coup, huit cartouches françaises non percutées, donc tout un paquet. Quelques mètres plus loin j'en découvre un deuxième, puis d'autres. Je me dis que les corps doivent être très proches car pour enterrer un soldat il faut le transporter de la manière suivante: se mettre entre ses jambes et le tirer par les chevilles jusqu'à sa sépulture. Pendant le combat les cartouchières sont ouvertes, au cours du déplacement des corps les paquets de cartouches tombent sur le sol et se dispersent. Ces paquets de munitions restés dans le sol après les combats m'indiquent la direction d'enfouissement des corps par les Allemands.
Je continue à trouver des paquets de cartouches quand tout à coup, j'aperçois sur ma droite une légère excavation de forme rectangulaire dans le sol. Je me dis aussitôt "Ils" sont là !... Je continue donc à prospecter autour du "trou" et mets au jour trois étuis de revolver du modèle français 1873 positionnés à quatre ou cinq mètres de cette excavation rectangulaire. Je décide, enfin, d'aller prospecter dans celle-ci. Dès que je me positionne dans ce "trou", mon détecteur sonne sans arrêt. Je fais donc un sondage au centre de celui-ci et sors du sol une attache de bretelle de suspension de cartouchière française accompagnée d'une vertèbre humaine ainsi que des fragments de tissu de pantalon rouge garance. Je vois aussi nettement la présence d'autres ossements humains, dans mon sondage. J'ai donc confirmation de la présence de corps et de tissu rouge garance, ce qui me permet d'affirmer que les corps enfouis, à cet endroit, datent du début de la guerre. En effet, à partir de l'année 1915, la couleur de l'uniforme français change.
Je fais un second sondage sur la gauche, prenant de multiples précautions pour ne pas toucher ou déplacer objets ou ossements et découvre sur le bas d'un bras droit la présence de galons de lieutenant. A ce moment je suis sûr que je viens de trouver le corps de l'écrivain que nous recherchons. Je remets le terrain en état, et repars avec mon véhicule pour en informer M. Algrain. Il me demande si j'ai trouvé une plaque d'identité pour confirmer s'il s'agit bien des corps que nous recherchons.
Je repars donc immédiatement sur les lieux, fais un autre sondage sur la droite de la "fosse", creuse méticuleusement et mets au jour deux bassins humains superposés, mais tête bêche. Je rebouche alors la fouille et mesure à l'oeil la longueur de cette excavation, quatre mètres cinquante de longueur environ. Par un petit calcul mental, à raison de cinquante centimètres pour un corps, quatre mètres cinquante divisés par cinquante, égale neuf, et comme les corps sont superposés, cela fait dix huit. Ce chiffre correspond, à quelques soldats près, au chiffre des disparus que nous recherchons, soit vingt et un. Je ne peux pas fouiller plus loin ayant simplement l'autorisation, en cas de découverte, de ne procéder qu'à des sondages ponctuels. »
En effet la réglementation archéologique sur les sépultures militaires - loi du 29 décembre 1915 - stipule que seuls les services du ministère des Anciens Combattants peuvent procéder aux exhumations de soldats qui doivent avoir lieu en présence d'un officier d'état civil chargé de la rédaction d'un procès-verbal.
Grâce à la collaboration entre le ministère de la Culture et le secrétariat d'État aux Anciens Combattants une dotation exceptionnelle de sauvetage urgent (35 000 francs) est accordée (4) et les travaux débutent le 4 novembre 1991 avec la participation de la D.R.A.C. , sous la surveillance permanente de M. Siret, chef de secteur des sépultures militaires, de M. Hervet et des quatre inventeurs de la tombe.
L'équipe monte une serre pour protéger le site des intempéries et installe un échafaudage de planches pour éviter le contact avec la surface de la tombe, dégage la terre à la truelle. Des « fuites » sur l'exhumation d'Alain-Fournier le 14 novembre obligent à protéger le site mais permettent d'obtenir chauffage (groupe électrogène fourni par les pompiers de Fresnes-en-Woëvre) et camion nacelle (prêté par l'E.D.F.) pour les photos.
La fosse a une forme quadrangulaire de 5.20 m sur 2.60 m, orientée N.W./S.E., de 30 à 40 cm de profondeur, au fond constitué par la dalle de calcaire corallien .
Elle contient les corps de 21 soldats français inhumés sur le dos (décubitus dorsal), disposés en deux rangées tête bêche de dix corps chacune. Les membres inférieurs reposent systématiquement sur ou sous le thorax de celui qui fait face. Le vingt et unième soldat recouvre en travers cinq de ses camarades.
La « datation » des fantassins correspond à l'été 1914 grâce aux objets retrouvés dans la fosse, boutons en laiton décorés d'une grenade enflammée, cartouches modèle 1886 D, bidon d'un litre modèle 1877 appartenant à un régiment de réserve (le 288e) mal équipé - brodequins de 1881 et 1893, ceinturons de type ancien.
Cette fosse correspond aux pratiques funéraires aux armées pour ensevelir les morts en 1914. Par mesure d'hygiène, pour éviter les épidémies, on creuse une fosse collective et dispose les corps en rangées opposées, parfois sur plusieurs couches. Les identités ne sont pas relevées, les plaques d'identité, les baïonnettes disparaissent parfois (trophées), sacs à dos et livrets militaires forment un bûcher. Il faut nettoyer et assainir le terrain sans perdre de temps après que l'officier de renseignements a récolté des indications sur l'adversaire.
La fouille s'achève le 1er décembre 1991 et les corps sont dirigés pour autopsie au Service Régional de l'Archéologie à Metz. En juin 1992 deux Communiqués publient les « Principaux résultats de l'étude de la sépulture collective des bois de Saint-Rémy-la-Calonne ».
Je ne puis que vous recommander le documentaire A fleur de terre "de Jean Pierre Hélas et Alains Riès" (ou l'inverse), qui traite de cette découverte.
Envoutant, un très beau documentaire, avec la voix de Christophe Malavoy sur un commentaire intelligent, et puis on n'y parle pas que d'Alain Fournier. A recommander
Pour se le procurer
Soit à Expression 55
expressions55@wanadoo.frou au Mémorial de Fleury