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VachequiritTHEY WERE MEN OF COURAGE
BELLEAU WOOD OU LE BOIS DE LA BRIGADE DE MARINE
1) Introduction - présentation du contexte :C'est en avril 1917 que le Congrès des Etats-Unis vote la reconnaissance de l’état de guerre, suite à l’agression de la guerre sous-marine à outrance. Le Corps expéditionnaire américain est constitué le 3 mai 1917, mais il faudra du temps pour qu’il se constitue, car l’armée d’active américaine ne comprend alors que 200 000 hommes. Au 1er janvier 1918, il y a 150 000 soldats américains en France, puis 2 000 000 hommes le 11 novembre 1918 en vue d’une offensive de grande ampleur projetée en 1919. Mais en juillet 1918, l'effectif combattant réellement opérationnel après équipement et entraînement n’est encore que de 85 000 hommes.
La 2e Division, installée à partir de septembre 1917 à Bourmont dans la Haute-Marne, est la seule division de l'Armée de terre des États-Unis à avoir été formée en France pendant la Première Guerre mondiale.
Elle est composée de 2 brigades :
- La 1ère brigade USMC, avec les 5e et 6e Régiments de Marines. (et 6e MGB)
- La 2e Brigade d’infanterie, avec le 9e et le 23e Régiment d’infanterie. (et 5e MGB)
La division monte pour la première fois en ligne en mars 1918.
Foch et Pershing au GQG Américain (Ph. Le Miroir)
Note du musée de la mémoire de Belleau (http://www.musee-memoire-souvenir-belleau.com) :
Le 27 mai 1918, trente divisions allemandes attaquent et crèvent le front du Chemin des Dames, creusant une poche profonde de l’Aisne à la Marne, atteignant même cette rivière entre Château-Thierry et Dormans. L’objectif final est d’atteindre Paris.
Le 31 mai, la 10ème Division Coloniale aidée de la 3ème Division US stoppent les Allemands à Château-Thierry avant qu’ils ne franchissent le pont de la Marne qui est dynamité par le génie français.
Localisation du Bois Belleau (Ph. Le Miroir)
Les Allemands se trouvent stoppés et se dirigent au nord-ouest de Château-Thierry et s’emparent de la côte 204, Vaux, puis les villages de Belleau, Torcy, Bouresches, où les combats sont acharnés contre les éléments français. Ceux-ci tentent désespérément d’enrayer l’avancée ennemie, notamment à Belleau avec le 152ème d’infanterie, confié au colonel Meilhan, et aidé du 158ème, ainsi que de diverses autres unités des 43ème et 73ème DI voisines.
En arrière, la 2ème Division américaine du Général Bundy poursuit son rassemblement. Elle est acheminée aussi rapidement que possible vers Nanteuil-le-Haudouin en train et en camions. Le débarquement, commencé le 31 mai dans la soirée, est loin d’être achevé le lendemain.
Le 31 mai, la Division, forte de 26 665 hommes dont 1 063 officiers, reçoit l'ordre de constituer une ligne défensive solide dans le secteur de Château-Thierry. Toute l’action de la bataille du Bois Belleau va se situer au sud du Ru du Clignon et du Vingt-Muids, de Veuilly-la-Poterie à l’ouest, Bussiares, Torcy-en-Valois, Belleau et Bouresches à l’est. Les 5e et 6 Régiments de Marines vont donner l’assaut avec le 23e Régiment d’infanterie. Le 9e Régiment restera en réserve.
(Ph. Le Miroir)
Le 2 juin les Allemands s’emparent des villages de Belleau, Torcy et Bussiares ainsi que de Château-Thierry.
Le 3 juin, deux divisions américaines qui ont tout juste fini leur instruction, dont la « Second Infantry Division », arrivent pour renforcer le 158ème et le 152ème. L’élan offensif des Allemands est brisé. Dans le même temps, des reconnaissances aériennes constatent que les réserves de l’ennemi s’épuisent. La balance des forces est en train de se rééquilibrer. Dans la soirée du 3 juin le front s’est stabilisé. Les trois régiments français (164ème, 152ème et 158ème) peuvent quitter le champ de bataille, ayant atteint l’extrême limite de leur force, et ayant perdu la moitié des effectifs engagés entre le 31 mai et le 3 juin.
La Bataille du Bois Belleau se déroula dans le bois situé au sud-ouest de Belleau (Aisne), tout près de la Marne, entre le 1er juin et le 26 juin 1918. Elle opposa une unité de la Second « Indian head » Infantry Division US, composée du 23rd infantry regiment et d'une brigade de Marines placée sous le commandement du Général James G. Harbord, aux forces allemandes retranchées dans le secteur de Château-Thierry (197e et 237e Divisions allemandes).
Elle détint le triste record du nombre de soldats américains tués dans une seule bataille jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
2) Récit de la bataille présenté par le Colonel J.J. CARROLL USMC(RET) Ancien C.O. du 6e Marines (The Basic School, 1998) :A 3h45 du matin du 6 juin 1918, les Marines et leurs alliés français lancèrent une attaque pour s’emparer de la cote 142, une petite colline qui surplombe la ville de Torcy. Sur un front de 800 mètres se trouvaient au coude à coude le 1er Bataillon du 6e Régiment, sur le flanc gauche, et le 3e Bataillon du 5e Régiment sur le flanc droit de la Brigade de Marines. Dans le courant de l’attaque, des trous se formèrent dans les lignes alliées. Le 1er Bataillon vit bientôt son flanc exposé aux Allemands et essuya un feu intense des nids de mitrailleuses. Surmontant des pertes énormes, le bataillon atteignit son objectif à 7h00. Le restant de la journée se passa à repousser les nombreuses contre-attaques allemandes, à tenir les positions et à prendre les marques d’une des batailles les plus ardentes de l’US Marine Corps.
Poste de secours (Ph. Le Miroir)
Le 6 juin 1918 à midi, les Marines reçurent l’ordre de s’emparer de la ville de Bouresches et de conquérir le secteur sud du Bois Belleau. A 5h00, le 6e Régiment de Marines entama sa progression sur 400 mètres dans un champ de blé mûr. Lorsqu’il fut à découvert, les mitrailleuses allemandes ouvrirent le feu. En dépit de pertes considérables, le 6e Régiment de Marines captura Bouresches, et une petite partie du Bois de Belleau. Cette action, couplée avec celle de la cote 142, devait jalonner les contours de l’une des batailles les plus ardentes auxquelles devait participer l’US Marine Corps dans son histoire.
Le 8 juin 1918, les Marines du 6e Régiment reçurent pour mission de s’emparer de la partie Sud du Bois Belleau. Mésestimant le volume des forces allemandes dans cette portion du bois, ils déclenchèrent un assaut sans appui pour saisir leur objectif. Ce premier assaut fut repoussé par des Allemands solidement retranchés. Les 24 heures suivantes permirent d’élaborer un plan d’emploi des armes combinées pour enlever l’objectif. A 4h30 le 10 juin, des éléments du 6e Régiment de Marines, appuyés directement par leur bataillon de mitrailleuses, lancèrent l’assaut. Après deux heures d’un combat intense et acharné, l’objectif était enlevé.
Le 11 juin 1918, des éléments du 5e Régiment de Marines lancèrent avant l’aube un assaut dans la partie ouest du Bois de Belleau pour établir le contact avec le 6e Régiment. Ce plan ne devait pas survivre à la brume, à la tourmente, à la confusion et au chaos des armes. Les Marines perdant tout repère furent exposés à un feu nourri des mitrailleuses et fusils allemands. En dépit de pertes énormes, d’un feu d’artillerie intense avec usage des gaz, ils parvinrent à se réorganiser et reprendre la poussée. La bataille se désagrégea en un combat de sections, de groupes et finalement d’homme à homme, qui vit les Marines enlever l’un après l’autre les nids de mitrailleuses, à la baïonnette et au corps à corps. Après des heures d’un combat acharné, le 5e Régiment de Marines perçait à la lisière nord du bois.
Le 23 juin 1918, après un court repos, la Brigade des Marines reprit son attaque pour s’emparer des derniers arpents du Bois de Belleau encore tenus par l’ennemi. A 7h00 du soir, quatre compagnies du 5e Régiment donnaient l’assaut. Les Allemands, fermement retranchés et appuyés par des mitrailleuses les repoussèrent. Au prix de 104 nouvelles pertes et au terme de 5 heures de combat, les Marines se retrouvèrent sur leur base de départ. Le 25 juin, ils attaquaient à nouveau. Après un pilonnage d’artillerie de 14 heures, ils franchissaient les bases de départ. La farouche résistance allemande s’effondra finalement devant la férocité de l’attaque. A 11h30 du soir, le Bois de Belleau était sous contrôle allié et accroché à jamais dans l’histoire de l’US Marines Corps.
Cadavres allemands (Ph. Le Miroir)
Après trois semaines de combat, le bois fut entièrement conquis le 24 juin. Pendant ce temps, le 9e d'infanterie américain, dans la foulée, barrait la route de la Marne à 1,5 km de Château-Thierry. Au cours de la nuit du 1er juillet, l'attaque de Vaux, situé au nord-ouest de Château-Thierry, fut menée par le 23e d'infanterie commandé par le colonel Malone. Opération limitée et parfaitement exécutée, cette attaque est menée en coordination avec l’attaque française sur la cote 204. Après une brutale préparation d’artillerie, le régiment donne l’assaut et enlève ce village de 82 maisons de pierre dans lesquelles se sont retranchés les Allemands. La 2e DI sera relevée le 6 juillet par la 26e division américaine. Le nom du village de Vaux est gravé à côté du Bois Belleau sur le monument américain qui domine depuis la fin de la guerre la ville de Château-Thierry sur la colline 204. Elle peut donc être considérée comme une action distincte de celle du Bois Belleau.
3) Le journal des événements tel qu'il fut publié dans Le Miroir en 1918 :Le Miroir N°238 – 16/06/1918
Lundi 3 juin : Sur la Marne, les Allemands ont atteint les hauteurs à l’ouest de Château-Thierry : nous tenons la partie de la ville située sur la rive gauche.
Mardi 4 juin : Une violente attaque ennemie, lancée de part et d’autre de la route de Château-Thierry à Paris, a été brisée par nos feux au sud-est de Bouresches.
Mercredi 5 juin : Lutte vive dans la région au sud de l’Ourcq. L’ennemi, appuyé par l’artillerie, a porté son effort sur Mosloy-Veuilly-la-Poterie-Torcy-Bouresches. Une contre-attaque nous a permis de reprendre Mosloy. Veuilly-la-Poterie a été le théâtre de combats violents. Le village pris et repris est resté aux mains des Allemands.
Les Américains ont enrayé l’avance des forces allemandes qui cherchaient à pénétrer dans les bois de Veuilly, et par une magnifique contre-attaque, les ont rejetés au nord de ce bois.
Sur la Marne, un bataillon ennemi qui s’était glissé sur la rive gauche, à la hauteur de Jaulgonne, a été contre-attaqué par les Franco-Américains, et rejeté sur l’autre rive, avec de lourdes pertes. La passerelle a été détruite et cent prisonniers sont restés entre nos mains.
Le Miroir N°239 – 23/06/1918
Samedi 8 juin : Les troupes franco-américaines ont gagné du terrain sur le front Torcy – Belleau – Bouresches. A l’ouest de Château-Thierry, une action vivement menée nous a rendu la cote 204.
Dimanche 9 juin : L’ennemi a violemment attaqué à deux reprises nos positions sur le front Bouresches – le Thiollet.
Le Miroir N°240 – 30/06/1918
Dimanche 16 juin : Sur le front américain, au nord-ouest de Château-Thierry, actions réciproques d’artillerie très violentes, accompagnées de gaz.
Le Miroir N°241 – 07/07/1918
Samedi 22 juin : Les Américains ont avancé leurs lignes et amélioré leurs positions dans la région de Château-Thierry.
Mardi 25 juin : Les Américains ont amélioré leurs positions au nord-ouest de Château-Thierry, malgré la vive résistance de l’ennemi. Activités des deux artilleries dans cette région.
Le Miroir N°242 – 14/07/1918
Jeudi 27 juin : Les troupes américaines ont effectué une brillante opération de détail dans les Bois de Belleau. 150 prisonniers, dont un capitaine ont été, de prime abord, dénombrés.
Vendredi 28 juin : Le nombre de prisonniers capturés par les Américains dans la région des Bois Belleau, est de 264, dont 5 officiers.
Samedi 30 juin : L’infanterie américaine continue à se distinguer dans la région de Château-Thierry.
Le Miroir N°243 – 21/07/1918
Jeudi 4 juillet : A l’ouest de Château-Thierry, une opération locale, exécutée en liaison avec les Américains, nous a permis d’améliorer nos positions sur le front Vaux-Cote 204. Le village de Vaux et les hauteurs à l’ouest ont été enlevés par les troupes américaines.
Vendredi 5 juillet : A l’ouest de Château-Thierry, une contre-attaque ennemie dans la région de Vaux a échoué sous nos feux. Des prisonniers sont restés entre nos mains.
4) Bilan de la 2e Division d'infanterie américaine :Par ordre N° 10 805 "D" du Grand Quartier Général français, du 22 octobre 1918 signé par le général commandant en chef Philippe Pétain, la 4e Brigade Américaine sous le Commandement du Brigadier Général James G. Harbord et composée :
• du 5e Régiment des Marines sous le Commandement du Colonel Wendell C. Nevill;
• du 6e Régiment des Marines sous le Commandement du Colonel Albertus W. Catlin;
• du 6e Bataillon de Mitrailleuses sous le commandement du Major Edward W. Cole;
recevra une Citation à l'Ordre de l'Armée française pour cette bataille décisive.
Pendant la durée de la guerre, la 2e Division perdra en combattant 4478 soldats morts (1964 fantassins et 2514 Marines) et 17752 blessés (9782 fantassins et 7970 Marines).