Il y avait, durant cette guerre 1914-1918, chez tous les belligérants, des aumoniers dans les armées. Ils devaient accompagner, réconforter et apporter aux soldats un soutien moral et spirituel. Durant la guerre bon nombre de soldats retrouveront une foi élémentaire. A la mobilisation française de 1914 une centaine de prêtres rejoindront les formations sanitaires (affectés dans les groupes de brancardiers de division et de corps d'armée) mais à coté il y aura 25 000 ecclésiastiques mobilisés qui seront affectés au service de santé mais aussi dans les unités combattantes. Il y aura les aumoniers reconnus par la hiérarchie militaire, et il y aura les aumoniers mobilisés et bénévoles dans leur fonction.
Le rôle principal des ecclésiastiques (pour la plupart catholiques) est de secourir les blessés sur le terrain, les amener aux abris, prodiguer des soins, faire le metier de pretre (benedictions, sacrements...), assister les mourants. Ils ont un rôle de confident, de confesseur. Ils exaltent bien souvent le patriotisme, le civisme du combattant, l'obligation d'accomplir son devoir, le préparant au sacrifice suprême. Certains accompagnent même les vagues d'assaut.
Une circulaire du 28 mars 1918 définit la nature et le partage des missions : un titulaire se trouve affecté aux ambulances et aux services, deux-trois volontaires visitent les corps de troupe. Dans un corps d'armée, deux titulaires se consacrent aux formations sanitaires et aux éléments non endivisionnés. Les bénévoles, non reconnus par le ministère, ne font l'objet d'aucun commentaire mais assuront leur fonction appuyés par les officiers du régiment. De maniere générale, dans chaque division, un aumonier titulaire assure un service religieux dans chaque régiment. Un prêtre soldat, aumonier bénévole se trouve dans chaque bataillon aidés par deux confrères volontaires.
les aumôniers officiels relèvent de l'autorité administrative du médecin-chef. Sur le plan canonique iles relèvent de l'évêque de leur diocèse.
En juin 1918, ministres du culte titulaires et aumôniers volontaires sont au nombre de 500, soit un ecclésiastique pour 4000 à 5000 hommes. Il y a un pasteur pour 20 000 soldats et un rabbin pour 40 000 soldats.
(
voir les militaria magazines numero 232 et 228)
voici un témoignage nous renseignant sur la nomination des aumoniers au tout début de la guerre.
Extrait de "Les carnets du cardinal Alfred Baudrillart, 1er août 1914 - 31 décembre 1918", édités chez CERF. Cet homme d'église était en relation avec le monde politique, littéraire et scientifique, à la tête du "Comité catholique de propagande française à l'étranger", aumônier de l’hôpital de Thiers, recteur de l'Institut catholique de Paris. Il a donc rencontré de nombreuses personnalités et a tout mis par écrit au jour le jour. Comme dans tout témoignage il y a des informations à infirmer ou confirmer, à compléter, à remettre dans son contexte (ici, nous sommes moins de 10 ans après la séparation de l'Eglise et de l'Etat)
Note du 7 aout 1914Tous les services s'organisent en vue du temps de guerre. Aujourd'hui nous avons tenu conseil à l'archevêché : autour de Son Eminence, M. Garriguet, Mgr Odelin, M. Adam, M. Lajoline, moi, et un seul archidiacre ; les deux autres sont en Suisse!
Les aumôniers militaires ont été nommés d'urgence, sur recommandation personnelle, par les commandants de corps d'armée. On n'a pas tenu compte des présentations de l'archevêché. Hier seulement, après plusieurs démarches, MM. Clément et Coupet ont pu être reçus au ministère de la Guerre; on leur a dit que tout était fait et que les aumôniers qui iraient maintenant seraient de simples volontaires, ni payés, ni équipés, ni nourris.
Pour la flotte, M. Augagneur (maire de Lyon, député du Rhône, ministre de la Marine depuis le 3 août 1914) avait dit d'abord qu'il ne lui déplaisait pas d'avoir en ce moment un geste large et il avait accepté un aumonier par vaisseau de haut bord ; M. Roland-Gosselin, M. Rivière devaient partir. Augagneur est revenu sur ce qu'il a dit et ne veut plus qu'un aumônier par vaisseau amiral. On négocie.
post de
Reuzele texte du 8 Juillet 1880, précisé par les décrets du 27 Avril 1881 et du 5 Mai 1913 prescrit un service d’aumônerie au sein des armées en période de conflit.
En 1914 les aumôniers officiellement agréés par le ministère de la Guerre seront affectés dans les groupes de brancardier de Division (GBD) et de corps d'armées (GBC).
Conformément à la loi du 15 Juillet 1889 sur la conscription, ces prêtres seront affectés au service de santé et ce, jusqu'en 1905. Mais cette disposition est annulée par l'amendement "Sixte-Quenin" en Février 1917.
A la mobilisation, il ne seront à peine qu'une centaine à rejoindre les formations sanitaires.
La mission prioritaire des ecclésiastiques sera de secourir les blessés, leur prodiguer les soins de première urgence et les acheminer vers les abris.
Assister dans leur tâche par des volontaires et/ou prêtres soldat.
Enfin, ces aumôniers relèveront pour ce qui est de l'autorité administrative, du médecin-chef.Les autres consignes venant directement de l’évêque du diocèse.
post de
Bertrand11Pour les aumôniers, il ne faut pas tout mélanger : il y a les aumôniers officiels (titulaires ou volontaires) qui sont agréés pour exercer cette fonction. Ils sont intégrés depuis 1910 dans les GBC (groupes de brancardiers de Corps d'armée) ou GBD (idem mais de division), et subordonné au médecin-chef de l'unité : ayant rang d'officier (capitaine 4e échelon) , et personnel d'un service de santé, ils ont donc droit à l'attribut de la Convention de Genève, le brassard à croix rouge, modèle officier. Pour être valide, ce brassard doit impérativement avoir le cachet (Marianne) du médecin directeur du Service de santé.
Les autres prêtres mobilisés (dans le Service de santé ou dans tout autre emploi) peuvent exercer leur sacerdoce - ou non - selon le bon-vouloir de leur hiérarchie : certains ont parfois pu se consacrer à plein temps à l'exercice de la prêtrise et même porter la soutane : toutefois cela ne fait pas d'eux des aumôniers, ils n'ont droit ni au port de la croix réglementaire, ni à celui du brassard, et n'ont aucun statut officiel.
Voici un extrait du journal de tranchée "L'écho du Boyau, n°14" de décembre 1916 ou un poilu décrit l'aumônier présent dans son secteur(vu sur le livre
Les journaux de tranchées de Jean-Pierre Turbergue.
"
L'aumônier missionnaire
Ce n'es pas seulement à Rome que mènent tous les chemins, pour lui...C'est aussi aux tranchées de 1ere ligne.
Au-dessus de tous les déblais de boyaux du secteur, on voit son casque, gainé de kaki, avancer par bonds, au rythme de ses infatigables guiboles. Il file, sur le caillebotis, comme si c'était le chemin du Paradis.
Il surgit partout, à toute heure, bruyant, boueux et cordial sauf, toutefois, quand il a pris rendez-vous.
Il apporte toujours avec lui des nouvelles de joyeuses histoires toulousaines et de multiples paquets de cigarettes. Le tout est abondamment distribué aux Poilus, assaisonné d'une bonne philosophie à la "faut pas s'en faire" que soulignent le timbre méridional de la voix et le geste énergique, rendu plus ample encore par les évolutions de la canne ferrée.
Quand "ça barde", voix et gestes s'adoucissent pour devenir ceux du prêtre, de la maman ou de l'infirmier.
Son aspect est terrible de loin, et l'on dirait parfois un vieux routier de missions étrangères qui a évangélisé les cinq parties du monde. Il est douceur, bonté et joie...une âme d'enfant de choeur. [...]
-Moussu Lassalo? Lous caldrio toutis coumo aquel!
Signe particulier : n'a jamais pu se tenir debout dans une cagna."
Voici un autre extrait de "Le poilu Saint-Emilionnais", vu dans le même livre. Un aumônier peu ordinaire
"
L'abbé Bergey, aumônier du 18e d'infanterie, n'était pas un aumônier comme les autres, car il avait la manie de faire le coup de feu avec les camarades, bien que ce fût très défendu. Sous sa soutane, il avait la mauvaise habitude de porter un révolver, quelques grenades. Cela se savait et on lui avait dit souvent qu'il risquait de se faire fusiller, si jamais il était cueilli par l'ennemi.
Or, un jour, en exerçant son ministère près des blessés entre les lignes, l'ennemi, justement, le cuillit. "Son affaire est faite", pensèrent tout de suite ses camarades.
Or il arriva ceci : auusitôt dans les lignes allemandes, l'aumônier est fouillé et l'on trouve le couteau de tranchée, le révolver et une grenade.
Simplement, il recommande son âme à Dieu et attend qu'on l'emmène lui règler son compte, quand on le prévient que le colonel veut lui parler.
L'officier allemand lui dit : "Vous n'ignorez pas à quoi vous exposent les armes qu'on a trouvées sous vos vêtement de prêtre. Mais on a trouvé aussi des lettres que vous écriviez manifestement à des mères, à des femmes, à des filles de soldats, pour les consoler, pour les remonter. J'ai lu ces lettres. Et je tiens à vous dire que je serais heureux qu'un pasteur allemand allemand en écrive d'aussi belles à ma femme et à mes filles. Retournez parmi les Français. Vous êtes libre. Récrivez ces lettres, car je tiens à garder celles-ci."
Dans le Livre d'Or du Clergé et des Congrégations, le tableau des statistiques générales donne l'effectif des membres du clergé catholique mobilisé pendant la grande guerre :
Clergé séculier = 23418 mobilisés dont 3101 morts,
Clergé régulier = 9281 mobilisés dont 1517 morts,
Religieuses = 12554 mobilisées dont 335 mortes.
une photo de trois aumoniers dont un américain, mais aucun renseignement supplémentaire (collec.
alvin17)
un enterrement dans les lignes françaises (collec.
admin)
photo d'une cérémonie messe qui se déroule pres du front coté français. Le prêtre porte les habits sacerdotaux qu'il portait en temps de paix dans sa paroisse(collec.
admin)
une photo de groupe (collec.
titi)
une boîte de campagne renfermant les ustenciles utilisés par les aumôniers (collec.
Snipe Air)
Voici quelques objets (collec.
gerard), issus de 2 lots différents, ayant appartenu à des aumoniers militaires durant le premier conflit.
la croix en aluminium est marquée au dos Champagne 1917
la petite bible est anglaise est attribuée à un régiment (cadeau?)
les objets du culte sont entièrement démontables
la petite sacoche qui renfermait les affaires est datée 1916
2 photos une de l'aumonier et une autre d'un enterrement
une croix d'aumonier avec ses deux déco
un casque et deux brassards (dans leur jus) leur ayant appartenu.
voici une photo du chanoine Louis Mutin, curé de Massingy en cote d'or et de son casque du service de santé. Il était aumonier et infirmier durant la guerre (collec.
manu49)
journal "page de gloire" du 3 octobre 1915
cpa collec.
lionmanquelques photos (collec.
killer2lamor)
un aumônier dans l'église de Ménil-sur-Belvitte en février 1917.(collec.
VPI)
photo (collec.
5eREI) concernant les aumôniers militaires. Elle n'est pas datée, l'aumônier de droite porte, cinq chevrons sur sa manche gauche, ce qui indique qu'il a déjà passé trois années dans la zone des armées.
Le deuxième aumônier en partant de la gauche, semble porter autour du cou, les Tables des Dix Commandements.
Il s'agit très probablement des cadres du Service de santé au niveau d'un Corps d'armée.
L'aumônier que tu cites est probablement un israélite, dont le très rare insigne avant 1920 représente les Tables de la Loi (75x55mm). Le cordon tressé jaune et noir est le même que les catholiques et protestants.
d'autres photos (collec.
Admin)
Le Père Descarpentries prisonnier en mai 1918 (collec. mutze07)
aumonier militaire ou prêtre-soldat
[/url]
Une affiche de 1919 sur les religieux anciens combattants (collec.
Armand)